Recevoir la newsletter

Budget et bénévolat : les associations se réorganisent

Article réservé aux abonnés

Face à l’urgence, les associations ont agi avant de savoir ce qu’il en coûterait. Aujourd’hui, pour continuer à accompagner les plus fragiles, il faut envisager de nouvelles modalités d’organisation.

« Nous avons pris le risque de financer l’achat d’une grande quantité de chèques-services, d’équipements informatiques… En nous disant que nous trouverions le moyen de faire face, d’une façon ou d’une autre », explique Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique.

Comme sa structure, les associations ont dépensé sans compter pour affronter la crise sanitaire et se sont appuyées sur les bénévoles. Elles ont ainsi pu se maintenir en activité, fût-ce à distance, et sur de nouveaux recrutés via des plateformes en ligne. Car, comme la Fondation Abbé-Pierre, même celles qui ne travaillent pas habituellement sur l’urgence ont dû y faire face, et cela conditionne en partie leur avenir immédiat.

En raison d’abord de l'accroissement important du nombre de bénéficiaires relevé par plusieurs d’entre elles, comme le Secours populaire, qui chiffre à 45 % le nombre de nouvelles personnes qu'il a fallu aider pendant la crise sanitaire. Et ce nombre de bénéficiaires ne semble pas en passe de diminuer. Le gouvernement semble tabler sur une augmentation de 3 millions du nombre de personnes qui pourraient avoir besoin de l’aide alimentaire, pour atteindre 8 millions de Français. Et les associations préviennent : elles ne pourront pas tout faire seules.

De nombreux bénévoles n’ont pas encore repris leur poste. Ils sont souvent âgés et la crainte d’une contamination peut encore les freiner. Viendront bientôt les vacances, avec la garde des petits-enfants… Alors, l’ensemble des associations espère conserver les bonnes volontés qui se sont manifestées pendant le confinement. Parfois au prix de réorganisations : « Il nous faudra aménager nos horaires par exemple, pour que ceux qui travaillent puissent venir, explique Lionel Hesclowicz, le trésorier des Restos du cœur. L’intégration des nouveaux bénévoles ne se passe pas toujours si bien que cela. Il peut y avoir des tensions et cela peut entraîner des problèmes de ressources humaines que nous n’avions pas auparavant. »

Sur le plan financier, toutes pointent des dépenses supplémentaires, mais aussi des campagnes de dons parfaitement réussies. Et si la générosité du public ne comble pas tous les surcoûts, « cette mobilisation de tous a vraiment fait chaud au cœur », tempère le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Christophe Robert. Ce que toutes ignorent, en revanche, c’est si ces donateurs (jusqu’à 12 000 nouveaux pour le Secours populaire) continueront à les soutenir ou bien si ces contributeurs habituels ont seulement avancé leur geste. Enfin, nombreuses sont celles qui savent qu’elles vont perdre beaucoup d’argent, faute de pouvoir organiser leurs collectes habituelles, comme le concert des Enfoirés pour les Restos du cœur, ou des brocantes, vide-greniers et autres manifestations sur la voie publique par exemple. « Ces initiatives rapportent habituellement 3 millions d’euros par mois », observe Thierry Robert, le directeur général du Secours populaire.

Alors, évidemment, face à un séisme d’une telle ampleur, toutes les associations n’ont pas les mêmes chances de tirer leur épingle du jeu, en fonction de leur taille mais aussi du secteur d’activité. Et ce même au sein de celles qui reposent sur les tarifications. A l’image de l'organisation professionnelle des employeurs du secteur social, médico-social et sanitaire privé, Nexem : « Notre principale question est de savoir si l’ensemble des surcoûts va être pris en charge par les autorités de contrôle et de tarification », s'inquiète Laurence Mazé, adjointe à la direction du pôle « gestion des organisations ».

Pour tenter de trouver une issue à toutes ces incertitudes, certaines associations se lancent dans des études prospectives, à l’image des Restos du cœur qui mobilisent autour d’eux des économistes pour échafauder différents scénarios à venir. D’autres travaillent déjà à une nouvelle priorisation de leurs actions, en lien avec l’accueil des nouveaux publics, comme le Secours catholique, qui fera de l’accompagnement des populations dans l’accès à leurs droits un point essentiel de ses actions dans les mois à venir. Ce qui, croit Véronique Fayet, devrait être facilité grâce aux liens tissés durant la crise avec, notamment, les centres communaux d’action sociale. Un décloisonnement que toutes les associations ont observé, et qu'elles espèrent toutes conserver…

Insertion

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur