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Editorial : Sans la nommer

Crédit photo FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Il nous paraît important de ne pas écrire ce prénom.

Il est le diminutif en espagnol de Dolores. Un mot personnifié dont chacun peut comprendre le sens sans traduction littérale. Voilà plus de dix jours qu’il est prononcé, sur les ondes, à la télé, photos à l’appui bien sûr… Une enfant, une fois de plus. Mais aussi, un acte d’une violence inouïe et une information macabre qui occupe le devant de la scène médiatique et politique. Parce qu’il ne saurait suffire à cette enfant d’avoir disparu.

D’autre façon, pour certains médias, il ne suffit pas d’être inutile, encore faut-il être nuisible. A leurs manettes, les esprits les plus vils ont adopté cette très jeune fille pour en faire un sujet d’actualité. C’était pain bénit. Avec la bénédiction de politiques qui y ont trouvé une occasion en or pour brandir un étendard. Eloignant ainsi le souvenir de L… pour nourrir des réflexions parmi les plus rances. OQTF : obligation de quitter le territoire français. Voilà ce qui a retenu l’attention des personnages qui occupent non seulement l’Hémicycle mais aussi les écrans, les micros.

La responsable présumée de la mort de L… n’aurait pas dû se trouver en France. Ainsi, elle n’aurait pas croisé son chemin. Nouvelle polémique, s’il en était besoin, au sujet de l’origine de la personne incriminée. Si cette dernière était née au fin fond du Gers ou du Pas-de-Calais, la mort de L… n’aurait pas occupé trois minutes d’antenne. Et sa famille l’aurait peut-être mieux vécu. Mais là, il a fallu faire bonne figure pour être reçu – et tout un chacun en rêve quand il vient de perdre un enfant – par le président de la République. Le cœur nous en tombe. Retour à l’antenne. Dans l’idée sans doute d’être créatif, ou souhaitant « prendre de la hauteur », une radio de service public a invité un ecclésiastique. Pour sûr, il fallait « couvrir » le sujet. Alors voilà qu’un apôtre vivant a été – longuement – reçu à la Maison ronde pour une émission matinale. Motif : lors des funérailles de l’enfant, il a pris les parents dans ses bras. Question existentielle soulevée dans cet entretien : « Si le seigneur existe, comment a-t-il pu laisser faire cela ? » Évidemment la question se pose : quand un enfant reçoit une orange à Noël, au lieu du « super complexe chemin de fer et wagons » qu’il convoitait, il reste légitime de se demander si le Père Noël existe.

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