Difficile, pour les acteurs de la protection de l’enfance, de parler d’un autre sujet que celui des protections (masques, gants, gel hydroalcoolique) qu’ils n’ont pas à leur disposition. Et ce, alors que plusieurs cas de Covid-19 ont été repérés. Ils touchent des enfants protégés, mais aussi des professionnels des maisons d’enfants à caractère social (Mecs).
C’est en particulier le cas d'une structure des Bouches-du-Rhône où un enfant, confiné dans sa chambre depuis le 28 mars, est avéré positif au virus ce lundi 30 mars. Les protections pour aller à son contact font cruellement défaut. Chaque jour, un seul éducateur entre dans sa chambre avec des gants et un masque. Mais, d’ici quarante-huit heures, il n’y aura plus de masque dans l'établissement, ceux qui sont utilisés actuellement ayant été obtenus grâce à la solidarité associative.
Dans ces mêmes lieux, un cas de suspicion concerne un autre enfant, également placé en confinement dans sa chambre. « Nous avons mis en place des mesures avec les moyens du bord : ainsi, les salariés ont une tenue réservée à l’établissement qu’ils peuvent laisser dans le bureau des éducateurs. Mais ces derniers manifestent de plus en plus d’inquiétude car ils ont peur d’être contaminés, mais aussi de ramener le virus à leur domicile auprès de leur conjoint.e et de leurs enfants », témoigne le responsable de la Mecs, qui préfère taire le nom de sa structure.
Si personne ne conteste que la priorité soit donnée aux soignants, de nombreux acteurs de la protection de l’enfance regrettent toutefois d’être relégués dans le traitement de cette crise. « Les éducateurs sont également des soignants de la relation, et même si ce n’est pas de la santé première, c’est de la santé psychique, psychologique et éducative », commente avec conviction Marianne Antunes, présidente de l’Anmecs (Association nationale des maisons d'enfants à caractère social).
Ces cas avérés ou suspectés de Covid-19 au sein des structures de la protection de l’enfance, qu'il s'agisse d'enfants ou de salariés, nourrissent une véritable psychose. Et les gestionnaires de ces établissements et services craignent à présent des mises en retrait ou des arrêts maladie de leurs salariés, malgré leur dévouement et leur investissement, en raison de l'inquiétude grandissante pour leur santé et celle de leur famille.