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Calais : des T-shirts « Bienvenue chez les Ch’tis » au goût douteux

Crédit photo Louis Witter
Les associations qui oeuvrent à Calais réceptionnent en permanence des dons de particuliers ou d’entreprises. Une solidarité qui vient des quatre coins de la France, un maillage territorial nécessaire en plus de la solidarité locale. 

En ce dimanche 27 mars, le hangar des associations à Calais est en effervescence comme toujours. Pas de répit ni pour les distributions de repas, ni pour la coupe du bois ou le tri des vêtements reçus tout au long de la semaine. Vivi, Olive et Mathieu sont arrivés mercredi de Lorient en Bretagne, leurs véhicules chargés de dons qu’ils ont collectés ces dernières semaines. Le camping-car était rempli, la petite camionnette également. « C’est allé super vite, détaille Vivi en piochant un sac resté sur le côté. Nous avons mobilisé nos amis, nos proches, nos voisins, les réseaux sociaux également ». Une fois les deux véhicules remplis, tous les trois ont libéré du temps pour venir à Calais pendant quelques jours, apporter leur aide aux associations qui en ont besoin. Mathieu est parti donner un coup de main au Woodyard, qui coupe du bois pour le distribuer sur les lieux de vie, Vivi et Olive ont rejoint Utopia 56 pour aider à trier tous les dons qui arrivent presque quotidiennement au hangar géré par l’Auberge des Migrants.

Le trio breton a apporté en majorité des vêtements mais a collecté jusqu’au 19 mars un bon nombre de tentes, de couettes et de sacs de couchage. « On a donné cette partie à un autre convoi qui est venu à Calais quelques jours avant nous car ça prenait beaucoup trop de place », explique la quarantenaire. Chez Utopia 56, les besoins sont particuliers et changent tout au long de l’année. « En ce moment, nous avons surtout besoin de joggings, note Pauline, la coordinatrice. Avec les beaux jours, les tentatives de passage en bateau de la Manche reprennent de plus belle, avec leur lot de naufrages quotidiens ». Si les autorités ne distribuent que très rarement des vêtements secs, l’association prépare des kits d’urgence en cas de naufrage constitués de chaussettes, d’un caleçon, d’un pantalon, d’un t-shirt, d’un pull et d’un manteau.

Sur les hautes étagères, les kits s’empilent, prêts à être répartis. « Cette semaine quarante personnes ont eu besoin en urgence de l’un de ces kits, rappelle Vivi, alors heureusement qu’on les prépare au jour le jour ». Dans ce qu’elle appelle son « bordel organisé », on trouve de tout. Des vêtements, des tentes, des bâches, des sacs de couchages. Mais dans les arrivages quotidiens, il manque souvent des choses essentielles à la survie des personnes exilées. Produits d’hygiène féminine, brosses à dents, mousses à raser… Vivi est aussi venue avec du surplus : des caisses de jouets pour enfants destinés à Project Play, une association qui vise à faire oublier aux jeunes sur les campements la dureté du quotidien et engager avec eux un dialogue.

Des dons financiers aux dons matériels

Impossible ou presque d’obtenir gracieusement des tentes en bon état, par exemple. Alors les associations collectent des fonds qui leur permettent d’acheter eux-mêmes ces objets indispensables. « Fut un temps, on récupérait les tentes abandonnées après les festivals d’été, mais avec le Covid et l’annulation de nombreux d’entre eux ces deux dernières années, on ne peut plus trop compter là-dessus », confesse un associatif de passage. Il y a aussi les dons parfois inopérants. « Cet hiver nous avons eu beaucoup trop de vêtements féminins comparé aux nombres de femmes présentes sur les lieux de vie. Dans ces cas- là, nous les redistribuons systématiquement à d’autres associations comme Emmaüs », témoigne Pierre Roques de l’Auberge des Migrants.

Du côté des entreprises, les dons sont plus rares mais très utiles : « Souvent, nous recevons des lots de vêtements unique, ça peut être deux cents chemises qui arrivent d’un coup ». Il y a quelques années, une donation avait particulièrement été sujette à débat au sein des associations. Restés avec des centaines de t-shirts sur les bras, les équipes de promotion du film Bienvenue chez les Ch’tis avait tout offert aux associations calaisiennes. « Mais imaginez les exilés sur le bord des routes avec un tel t-shirt, c’était plutôt de mauvais goût ! ».

Les dons arrivent régulièrement ou par vague en fonction des évènements dramatiques ou de l’attention médiatique portée à Calais. Les associations qui ont des besoins particuliers lancent souvent des appels. Un conglomérat, nommé Front Commun, s’est formé pour aller taper aux portes des différentes fondations avec un but partagé : lever des fonds. L’Auberge des Migrants a ainsi pu acheter des lots entiers de tentes, venues par bateau, ou encore financer de l’outillage et du bois. « Avec la fin de l’hiver, nous allons rentrer dans de la gestion de stock. On aimerait pouvoir distribuer des tentes tout au long de l’année mais malheureusement, nous n’en avons pas les moyens », insiste Pierre Roques. Au Woodyard par exemple, plusieurs tonnes de bois avaient été données depuis les Vosges à l’arrivée des premiers froids. Une solidarité continue qui aide, iun peu, à survivre.

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