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Petite enfance : quatre propositions de mesures pour le prochain quinquennat (Terra Nova)

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Crèche petite enfance 1000 premiers jours

Photo d'illustration.

Crédit photo Lionel Bonaventure / AFP
Enfance - Dans une note publiée le 22 octobre, le think tank Terra Nova propose au futur président de la République des mesures-clés pour investir fortement dans la petite enfance, encore « loin d’être l’une des principales priorités de l’Etat ».

Florent de Bodman, auteur de la note de Terra Nova intitulée Petite enfance : que devrait faire le prochain président de la République ?, l'affirme : l’investissement sur la petite enfance est gagnant à moyen et long terme. Revenus accrus pour les futurs adultes, moindres dépenses d’allocations sociales, diminution des dépenses de santé. Comme le met en exergue le prix Nobel d’économie James Heckman, « un dollar investi dans les meilleurs programmes éducatifs pour la petite enfance rapporte 7,3 dollars à la société ». Fort de ces travaux, Terra Nova milite depuis son rapport de 2017 pour « l'investissement dans la petite enfance. L’égalité des chances se jou(ant) avant la maternelle ».

Le think tank tire un bilan du quinquennat dont il reconnaît l’impulsion via la stratégie de lutte contre la pauvreté et la démarche en faveur des « 1 000 premiers jours de l’enfant », mais regrette des réponses jugées insuffisantes. Et propose, pour les cinq ans à venir, quatre mesures-clés : 

 

  • Développer l’accompagnement parental

Aider davantage les parents à être parents en triplant les financements dédiés. La note souligne que si le plan des « 1 000 jours » a développé le renforcement apporté aux parents lors de la période périnatale, les dispositifs d’aide à la parentalité au-delà des premières semaines de l’enfant sont trop peu nombreux et ne touchent que 10 % à 15 % des familles « pour les parents des 0-6 ans, ces financements peuvent être estimés à environ 100 millions d’euros par an, soit 0,5 % du budget consacré aux crèches, assistantes maternelles et écoles maternelles ».  

Pour aider les jeunes parents à être parents, Florent de Bodman estime qu’il faudrait tripler cette somme, ce qui d’après lui « représenterait une dépense supplémentaire d’environ 200 millions d’euros par an, soit un milliard d’euros sur cinq ans », et permettrait « de toucher au moins deux fois plus de familles avec un enfant de 0 à 3 ans ». Un objectif quantitatif qui suivrait trois principes-clés : proposer activement ces solutions aux familles les moins favorisées, inventer des solutions en distanciel, mesurer les bénéfices de ces actions et promouvoir les plus efficaces.

 

  • 30 % d’enfants pauvres en crèches

Deuxième mesure proposée : créer 200 000 nouvelles places de crèches pour accueillir, d’ici à 2032, 30 % des enfants pauvres – au lieu de 5 % aujourd’hui. Terra Nova estime l’effort financier nécessaire à 3 à 4 milliards d’euros par an de nouvelles dépenses publiques pérennes en 2032. « Un investissement important mais absorbable pour les finances publiques : il représente 1 % du coût annuel des pensions de retraites. » Le think tank souligne également la nécessité d’accorder la priorité aux communes les moins riches et de rendre enfin transparentes les conditions d’attribution des places.

 

  • Revaloriser les salaires des professionnels

Revaloriser d’au moins 10 % les salaires dans les crèches pour reconnaître l’importance cruciale de ces métiers pour l’avenir des enfants et de notre société, remédier à la très forte pénurie de professionnels qualifiés qui empêche le développement des crèches, et améliorer leur qualité pédagogique : Terra Nova estime le coût de cette mesure – à négocier avec les organisations professionnelles – à environ 600 millions d’euros par an. Coût qui « devra être intégralement compensé par la solidarité nationale, afin d’éviter que la revalorisation salariale n’entraîne une hausse du coût pour les gestionnaires de crèche ou pour les familles ». Un effort financier que Florent de Bodman estime possible car dans le domaine de la santé, la revalorisation des salaires du Ségur de la santé a eu un coût total vingt fois supérieur (environ 12 milliards d’euros en 2022). Ainsi, une puéricultrice est aujourd’hui mieux payée si elle travaille à l’hôpital plutôt qu’en crèche.

 

  • Augmenter le nombre d’adultes par enfant dans les crèches des quartiers populaires

Dernière proposition : augmenter le nombre d’adultes par enfant dans les lieux d’accueil collectif des quartiers populaires, sur le modèle de ce qui a été réalisé récemment à l’école, où l’on a divisé par deux la taille des classes de CP et CE1 dans les réseaux d’éducation prioritaire. Cela « coûterait 0,1 à 0,15 milliard par an », selon le think tank. 

Sur l’ensemble du prochain quinquennat, ces mesures sont chiffrées à 10 milliards d’euros, soit 2 milliards par an de nouvelles dépenses publiques. Un investissement « particulièrement efficace s’il est bien orienté vers ceux qui en ont le plus besoin et s’il est assorti d’évaluations rigoureuses mesurant ses bénéfices pour les enfants », d'après Florent de Bodman. 

Reste que si les montants nécessaires à la mise en place d'une telle politique ont été évalués, il n'en va pas de même pour les mécanismes de financement. Quid de l'ingénierie budgétaire permettant un tel volontarisme 

Sur ce point, le think tank reste particulièrement silencieux.

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