Relativiser « l’ampleur du phénomène », se méfier de « l’effet loupe », ne pas dresser de « profil-type unique » … Sans nier « la gravité des faits », l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) appelle à prendre du recul face aux nombreux actes de délinquance rapportés dans les médias impliquant des enfants isolés.
Dans une note rédigée à l’occasion de son audition le 24 septembre à l’Assemblée nationale, soit un jour avant l’attaque près des anciens locaux de « Charlie Hebdo » dont l’auteur présumé a été pris en charge en tant que mineur non accompagné (MNA) par l’aide sociale à l’enfance du Val-d’Oise, l’organisme « insiste sur la prudence à avoir en l’absence de statistiques fiables ».
"Effet de loupe"
« Une forte couverture médiatique ne rend pas compte de la réalité de l’ampleur d’un phénomène sur lequel elle créé un effet loupe, d’autant plus quand le phénomène apparaît comme étant localisé dans certaines grandes villes (Paris, Toulouse, Nantes, Rennes…)», détaille l’ONPE entendu par la mission d’information « Problématiques de sécurité associées à la présence de mineurs non accompagnés ».
Les auteurs de ce document font par ailleurs mention des données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) au sujet des mineurs non accompagnés. Ainsi, fin 2018, 35 800 MNA étaient pris en charge par les conseils départementaux. Cette année-là, 17 022 nouveaux mineurs non accompagnés pris en charge, ont également été recensés par la mission MNA de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). En 2019, selon cette même mission, 16 760 nouveaux MNA ont été confiés aux services départementaux. « Ce chiffre pourrait-il indiquer une tendance à la stabilisation après des années de forte augmentation ? », se questionne l’ONPE qui invite à suivre cette évolution dans les années à venir.