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Martine Vigneau : « Les travailleurs doivent être reconnus » (Unsa)

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Martine Vigneau, secrétaire nationale en charge du secteur social à l’Unsa

Crédit photo DR
Ecartés du Ségur de la santé, les travailleurs sociaux ne bénéficieront pas des accords signés le 13 juillet dernier. Trois questions à Martine Vigneau, secrétaire nationale en charge du secteur social à l’Unsa (Union nationale des syndicats autonomes) et présidente du groupe Unsa au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Actualités sociales hebdomadaires : Comment expliquez-vous qu’il n’y ait quasiment pas de discours public sur les métiers du social ?

Martine Vigneau : Longtemps, on a considéré que la reconnaissance du métier de travailleur social devait rimer avec la notion d’investissement. Or nous accompagnons des personnes pour leur épanouissement et leur émancipation. Accueillir, accompagner, protéger les adultes, les enfants ou les personnes handicapées est une mission qui demande un savoir-faire. Pourtant, le discours public est souvent péjoratif à l’égard des métiers du social. On parle des « scandales » de l’ASE [aide sociale à l’enfance] ou du « pognon de dingue » dépensé pour les plus démunis. Les travailleurs sociaux doivent être reconnus. Ils n’ont pas été considérés comme prioritaires pendant le confinement. Le manque de masques a contraint de nombreuses structures à se retirer physiquement du terrain. Le système de garde de leurs enfants n’a pas été mis en place tout de suite. A l’ASE, les prises en charge et les soins ont été stoppés du jour au lendemain. Certains gamins étaient perdus, sans repères, on a assisté à des décompensations qui vont nécessiter un accompagnement adapté que le secteur psychiatrique n’aura pas forcément les moyens d’absorber. Pour mieux rendre compte des activités du secteur et donner de la visibilité aux professionnels, nous allons bientôt démarrer un gros travail au sein du Conseil économique, social et environnemental sur les métiers du lien et du social.

ASH : Pouvez-vous en dire plus concrètement ?

M. V. : Pendant la crise, des initiatives se sont mises en place de façon très parcellaire, sans coordination centralisée. Il faudrait pouvoir les articuler en favorisant les retours d’expérience et en associant les travailleurs sociaux, les cadres, les directions et les élus. Le but est de développer les comités locaux du travail social. Cela permettrait aux activités des différents professionnels d’être complémentaires et non concurrentielles. L’idée étant de faciliter aussi l’émergence de bonnes pratiques. Le secteur souffre encore trop souvent d’incohérences. Il faut que tous les professionnels se parlent. 

ASH : Vous avez aussi émis des doutes sur la « réserve sociale ». Pourquoi ?

M. V. : Nous avons été mécontents quand nous avons appris que des étudiants en travail social bénévoles allaient s’occuper de jeunes de l’ASE. En termes de communication, c’est intéressant de parler de « réserve sociale » mais la mission elle-même demande une autre approche. La dixième mesure du « pacte pour l’enfance » exige de « garantir un contrôle systématique des antécédents judiciaires des professionnels exerçant une activité au contact habituel d’enfants ». Ce qui n’a pas été le cas. La notion de réserve sociale doit faire l’objet d’un retour d’expérience avant d’en donner, éventuellement, une définition claire et cadrée. Cette crise sanitaire a révélé les faiblesses de notre système, et devant la crise économique qui se dessine, il convient d’assurer l’égalité d’accès et d’accompagnement sur tout le territoire.

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