L’Institut européen du salariat (IES) révèle, dans une récente note, que la part des chômeurs réellement couverts par l’Assurance chômage ne correspond pas au taux de couverture annoncé par Pôle Emploi. Derrière ce décalage statistique, se cache un changement de définition opéré en 2015 et qui a conduit l’organisme à substituer le calcul du taux de chômeurs indemnisables à celui des chômeurs indemnisés. Un nouveau paradigme qui permet de passer sous silence une dynamique qui s’installe depuis 2003, à savoir la baisse régulière du nombre de chômeurs indemnisés.
Comme l’indique la note, "fin juin 2017, officiellement, “environ 69 % des demandeurs d’emploi [avaient] un droit à indemnisation“, et, tout aussi officiellement, ce taux de couverture progresserait depuis 2014". Effectivement, le taux de couverture "nouvelle définition" apparaît stable dans le temps : entre 2003 et 2017, le nombre de chômeurs indemnisables ne baisse que de 3 points pour passer de de 71,9 % à 68,6 %. En revanche, dans la même période, le nombre de demandeurs d’emploi indemnisés par l’Etat ou l’Assurance chômage chute de 63 % à 51 %, de "manière continue et régulière".
La part des chômeurs non indemnisés parmi les indemnisables a, elle, "très fortement augmentée entre 2010 et 2017", passant de 10 % à 25 %. Ils étaient 345 000 en 2003, ils sont 981 000 en 2017. Pour l’IES, la raison majeure de cette augmentation est "le fort développement de l’activité réduite", qui concernait, en juin 2016, 88 % des demandeurs d’emploi indemnisables mais non indemnisés (contre 50 % en 2003).
De son côté, Pôle Emploi se défend de toute manœuvre visant à minimiser la réalité de l’indemnisation. Il parle d’un indicateur élaboré de concert avec le ministère du Travail, l’Unédic (gestionnaire des fonds de l’Assurance chômage) et la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) pour éviter la "cacophonie" entre les acteurs institutionnels, grâce à l’harmonisation des référentiels. L’organisme précise que la notion a lieu d’exister car les "personnes en activité réduite sont de nouveau indemnisées si elles passent sous les seuils d’activité définis", et que par ailleurs "les deux taux sont identifiables" dans ses rapports trimestriels.