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Pauvreté : l’urgence de mesures durables

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Feeding the poor to hands of a beggar. Poverty concept

Photo d'illustration.

Crédit photo kuarmungadd - stock.adobe.com
Le contre-coup social de la crise sanitaire n’en est qu’à ses débuts, selon les associations de soutien aux populations précaires. Elles soumettent aux pouvoirs publics depuis plusieurs mois des préconisations pour les aider à supporter, dans la durée, cette épidémie. Le gouvernement promet des annonces dans les semaines à venir.

 

Les chiffres sont connus : 1,3 million de Français ont eu recours à l’aide alimentaire du Secours populaire, dont 45 % de nouveaux bénéficiaires. Et, selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, 5 à 7 % des plus pauvres ne bénéficient d’aucune des mesures d’aide récemment mises en place. Voilà ce qu’ont souligné, entre autres choses, les associations de soutien aux plus démunis réunies au sein du collectif Alerte, lorsqu’elles ont été reçues le 2 octobre dernier par Jean Castex, trois de ses ministres et la déléguée interministérielle à la lutte contre la pauvreté. Ces associations attendaient des décisions. Le Premier ministre qui, disent-elles, semble les avoir écoutées, a toutefois repoussé ses annonces à deux semaines plus tard, sans doute le 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère. De quoi agacer certains de ses interlocuteurs : « Nous en avons assez d’attendre des annonces qui ne viennent pas et, sans doute, ce qui sera dit le 17 octobre sera-t-il une fois encore décevant », tempêtait Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD quart monde, à l’issue de cette réunion.

 

Une impatience grandissante

Car, deux ans après le lancement de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, l’impatience des parties prenantes est clairement perceptible. Non pas, précise Christophe Robert, que rien n’ait été accompli, surtout au printemps, et particulièrement en matière d’hébergement d’urgence. Mais les réponses ne semblent pas à la hauteur des enjeux, tel le plan « Un jeune une solution » ou comme en témoignent les 3 000 ménages qui restent sans solution après avoir appelé le 115.

Loin de se résigner face à l’ampleur de la crise sociale, les parties prenantes soumettent nombre de préconisations aux décideurs. D’abord, le relèvement des minima sociaux. Leur ouverture aux jeunes de 18 à 25 ans également, même si, sur ce point, elles semblent se faire peu d’illusions, confrontées à ce qui ressemble de plus en plus à un parti pris idéologique. Elles espèrent un soutien important à l’insertion par l’activité économique, comptant dans ce domaine sur les « parcours emploi compétences » et sur le développement d’expérimentations comme le service public de l’insertion (SPI). En matière de logement, elles souhaitent un « fonds exceptionnel pour aider à payer les loyers et les charges, pour éviter une bombe à retardement avec des expulsions massives en avril prochain », développe Christophe Robert. Autrement dit, les mesures envisagées doivent, cette fois, s’inscrire dans le long terme et ne pas simplement répondre à l’urgence, comme pendant le printemps confiné.

Selon Christophe Devys, président du collectif Alerte, le dialogue avec le gouvernement a été « constructif », mais il reste à voir les réponses qui seront formulées. Sans secrétariat d’Etat dédié, le portage politique sera-t-il suffisant, confié à un Olivier Véran bien davantage ministre de la Santé que des Solidarités ?

Les associations prévoient d’ores et déjà un « enterrement probable » du revenu universel d’activité (RUA). Ce qui semble peu les attrister, l’important étant pour elles, au-delà du nom de l’allocation, que les plus précaires, y compris âgés de moins de 25 ans, reçoivent de quoi survivre.

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