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Formation en travail social : les écoles imaginent de nouvelles modalités d’enseignement

Ótimo conceito de criatividade, ideia, inspiração, imaginação.

Photo d'illustration.

Crédit photo thiago - stock.adobe.com
A contraintes inédites, réactions imaginatives. Les équipes de formateurs et leurs directeurs ont conçu de nouvelles modalités d’enseignement. En partie à distance mais aussi, le plus possible, en présentiel.

 

« ON OBSERVE UNE VALORISATION RELATIVE DES ACTIVITES DE SOLIDARITE, et les lettres de motivations que nous avons reçus de nos futurs étudiants en témoignent. Comme si la crise sanitaire et sociale les conduisait à confirmer leurs propres choix d’orientation. » Mais cette remarque, de Marc Rousseau, directeur général adjoint d’Askoria, centre de formation basé en Bretagne et qui accueille 2 500 étudiants du niveau bac à bac + 3 chaque année, ne constitue pas la seule influence de la crise en cours sur la rentrée 2020 au sein des instituts de formation de travailleurs sociaux. Les contraintes sanitaires, dans les salles de classe autant que sur les lieux de stage, sont prégnantes aussi. En découle en effet la nécessaire réorganisation de nombre de modalités d’accueil, et de transmission des savoirs, le tout dans un contexte qui reste des plus incertains.

Malgré tout, c’est dès aujourd’hui que se forment les travailleurs sociaux de demain et, pour commencer, les écoles se sont attachées à leur permettre de renouer le fil. Elles ont donc tenu à assurer à tous une rentrée dans leurs locaux.

« Il y avait une demande très forte de retour à l’établissement, d’autant qu’ils n’étaient pas revenus depuis le confinement », souligne Anne Ollivier, directrice des formations à l’IRTS Lorraine. « Il fallait symboliquement un retour sur place, confirme Anne-Myrtille Robion-Dubois, directrice générale adjointe de l’IRTS Paris Ile-de-France Parmentier, qui accueille 3 000 étudiants sur trois sites différents. Chaque promotion en avait besoin. Les premières année évidemment, d’autant qu’elles ont déjà été privées du rituel du bac, et pour créer des groupes, des solidarités… Mais aussi les 2e et 3e années, dont le parcours a été chahuté par le confinement. »

Mais cette réintégration au sein de l’établissement ne signifie pas un retour à la normale. Partout, il a fallu instaurer port du masque et mise à disposition de gel hydroalcoolique, repenser des ateliers pratiques pour assurer les règles de distanciation… Des modifications nécessaires y compris comme lorsque, à l’Institut méditerranéen de formation et de recherche en travail social (IMF) (Basé à Marseille, Avignon et Arles) ou à l’Association pour le développement économique et social (Ades) de Marmande (Lot-et-Garonne), certains étudiants avaient pu reprendre le chemin de l’école en juin dernier. Les instituts ont aussi dû réaménager des salles, qui, comme l’Ades, en louant des salles voisines pour désengorger les locaux et éviter des brassages, qui, comme Askoria, en diminuant de moitié le nombre des étudiants accueillis dans les deux grands amphithéâtres (150 contre 300 initialement).

 

Un mix entre formations en présentiel et à distance qui se généralise

Partout, un mix entre présentiel et formation à distance se met en place, avec la volonté de garantir des temps de présence physique. Le choix est généralement fait, comme à Marseille, de saupoudrer des cours à distance pour l’ensemble des promotions et des métiers, plutôt que de les réserver à une seule catégorie d’étudiants. Chez Askoria, pour compenser la réduction des effectifs dans l’amphithéâtre, le cours commun est retransmis dans la salle voisine sur grand écran, et les effectifs doivent alterner entre présence dans l’amphi ou dans la salle. Une formation à distance de proximité, en somme.

Mais de « vrais » cours à distance sont aussi partout imaginés. « Nos formateurs ont été force de proposition pour bâtir des modalités pédagogiques nouvelles », se réjouit Marie-Pierre Sarat, directrice générale de l’IMF. Mais elle souligne que cela peut bousculer des habitudes pédagogiques, et qu’il faut accompagner les enseignants. Quant aux étudiants, elle pointe la carence en équipement, qui peut engendrer des inégalités, et l’institut devrait obtenir le soutien financier du conseil régional pour acquérir 100 ordinateurs portables à prêter aux jeunes qui n’en auraient pas.

Nombre de directeurs d’établissement revendiquent une « logique d’hybridation pédagogique » choisie, pas uniquement en réponse à des contraintes de capacités d’accueil, comme le dit Philippe Ropers, directeur général de l’Institut régional supérieur du travail éducatif et social. Il observe que les équipes se montrent moins réticentes sur ce sujet qu’avant le confinement, et prévoit d’organiser en novembre prochain une journée de capitalisation sur ce qui a fonctionné ou dysfonctionné pendant cette période : des groupes de réflexion, pour préparer ce temps de partage d’expérience, sont déjà en place autour de la démarche qualité ou de l’approche méthodologique par exemple.

Là comme ailleurs, il y a eu une accélération de la mise en place de contenus pédagogiques en ligne. L’institut méditerranéen a vu son e-campus préexistant renforcé et Askoria a conçu un programme inédit, entièrement en ligne, de classe virtuelle pour former des dirigeants. « La consigne donnée à nos équipes, indique pour sa part Anne-Myrtille Robion-Dubois, pour son établissement parisien, consiste à réadapter de manière plus pérenne les processus pédagogiques pour intégrer de l’enseignement à distance là où c’est possible. C’est un travail au long cours, et pas la réaction à chaud que nous avons dû mettre en place lors du confinement. La pédagogie numérique doit être intégrée de manière appropriée, et ce travail de fond maintenant engagé risque de devoir s’articuler avec le distanciel d’urgence parfois nécessaire. Mais ce sont deux temporalités, l’une d’urgence et de crise, l’autre de construction de long terme. »

Autre modalité pédagogique, encouragée par le gouvernement celle-là, dans le travail social comme ailleurs : l’apprentissage. Et si nombre d’écoles – et d’étudiants – redoutent de peiner à trouver des lieux de stage (voir page ?), toutes disent espérer développer les formations en alternance. Avec déjà de beaux succès, comme à Marmande, où 40 contrats étaient signés déjà le 4 septembre (contre 35 l’an dernier au sein du CFA hors les murs), pour la première promotion du CFA interne. Le résultat, selon son directeur, de plusieurs années d’engagement mais aussi le fait que beaucoup de jeunes précaires y voient non seulement l’occasion de se former mais aussi le moyen de gagner leur vie. Quelques établissements notent que pour certaines professions il s’avère même plus complexe de trouver des candidats plutôt que des structures accueillantes, faute d’attractivité des métiers (voir page ??).

En matière de nombre de candidats à leurs portes en revanche, les établissements disent ne pas avoir observé de changement notoire cette année. Et il leur semble prématuré, à tous, de dire si la crise sanitaire et sociale influencera ou non les profils des postulants travailleurs sociaux.

Seront-ils plus solidaires ? Marie-Pierre Sarat semble près de le penser, qui note qu’ils se sont beaucoup entraidés pendant le confinement pour suivre les formations à distance. Elle parle même d’un « effet levier » de la crise qui a, par ailleurs, conduit les six organismes de formation de la région Paca à mieux coopérer et à réaliser partage d’expériences autant qu’achat groupé de masques. Aussi, outre son caractère inédit, la rentrée 2020 porte-t-elle peut-être en elle des évolutions durables dans le champ de la formation des travailleurs sociaux…

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