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Précarité : les ménages face à des choix budgétaires (très) compliqués

Plus de la moitié des personnes en situation de précarité disposent d’un « reste pour vivre » de moins de 9 € par jour, selon le rapport 2020 du Secours catholique sur l’état de la pauvreté en France. L’association pointe du doigt des décisions budgétaires extrêmement difficiles au quotidien pour les ménages les plus pauvres.

« Des choix impossibles. » Le titre de l’enquête menée par le Secours catholique sur le budget des ménages précaires en France donne le ton. Sur la base d’un échantillon de près de 3 000 relevés budgétaires collectés l’an passé dans 55 départements, l’association a tenté de savoir précisément quelles étaient les ressources et les dépenses des personnes qu’elle rencontre quotidiennement. Premier constat : le montant médian de ces ressources s’élève à 1 037 € pour l’ensemble des ménages de l’étude. « Ce sont les revenus d’activité actuelle (salaires ou revenus d’activité indépendantes) ou passée (retraites et allocations chômage) qui, lorsqu’ils sont perçus, génèrent les ressources les plus élevées, suivis des allocations liées à une incapacité totale ou partielle de travail (pension d’invalidité de la sécurité sociale ou AAH, allocation aux adultes handicapés) », détaille le Secours catholique, qui souligne que le niveau de vie des familles avec enfants est globalement moins élevé.

Les travaux menés par l’association montrent également que le montant médian des dépenses préengagées ou contraintes (1) atteint 604 € par mois. Parmi ces dépenses, le logement, l’énergie et l’eau sont celles qui pèsent le plus lourd sur le budget des intéressés. « Les APL [aides personnalisées au logement], lorsqu’elles sont perçues, s’avèrent une aide indispensable, elles permettent de réduire le taux d’effort de 13 points (…), assure le Secours catholique. Elles restent cependant insuffisantes pour sortir les ménages de la précarité. De plus, la part d’allocataires ainsi que les montants alloués baissent depuis plusieurs années en raison des réformes successives menées autour de cette prestation. »

Dans son enquête, l’association définit un « revenu arbitral » qui équivaut au revenu disponible (2) moins les dépenses préengagées. Celui-ci s’établit, en médiane, à 321 € par unité de consommation (UC) d’un ménage. Autrement dit, la moitié des cas étudiés disposent de moins de 321 € chaque mois pour les dépenses de la vie courante, à savoir l’alimentation, l’habillement, les frais de santé ou de transport. A noter : dès lors que l’on prend en compte ce niveau de vie arbitral, le taux d’extrême pauvreté bondit de 27 points...

Un « reste pour vivre » en dessous de 9

« L’estimation du reste pour vivre permet de pousser encore plus loin l’analyse des budgets en considérant le poids additionnel d’un ensemble de dépenses qui peuvent être considérées comme contraintes, puisqu’inévitables et souvent incompressibles (transports, santé, pensions alimentaires, dettes, en cours de remboursement) », soulignent les auteurs de l’étude. En suivant ce raisonnement, plus de la moitié des ménages se retrouvent avec un « reste pour vivre » en dessous de 260 € par UC, soit entre 2 et 9 € par jour et par personne.

De telles sommes amènent immanquablement les ménages à des arbitrages budgétaires extrêmement compliqués, qui varient d’une situation de vie à l’autre. Ainsi, alors que les locataires du parc privé privilégient de payer leur loyer à temps, quitte à prendre du retard sur leurs factures, le phénomène inverse est constaté chez les locataires du parc social, qui souhaitent dans un premier temps payer la dépense la plus à risque. Certains ménages expliquent, quant à eux, faire appel à l’aide alimentaire pour éviter de s’endetter.

Sans surprise, l’épidémie de coronavirus est venue accentuer les difficultés rencontrées par les personnes les plus précaires, rapporte le Secours catholique, qui dresse une liste de propositions pour améliorer la situation : instauration d’un revenu minimum garanti sans contreparties, rénovation des « passoires thermiques », revalorisation des APL, meilleure mise en place de tarifs sociaux pour l’accès aux sports, aux loisirs…  

 

(1) Le Secours catholique inclut dans les dépenses préengagées ou contraintes le loyer brut, le remboursement de crédit immobilier, les charges locatives et de copropriété, énergétiques et deau, les télécommunications, les assurances, les frais scolaires.

(2) Le revenu disponible correspond aux revenus d’activité et du patrimoine, auxquels s’ajoutent les prestations sociales et se soustraient les impôts directs et cotisations sociales, le tout divisé par le nombre d’unité de consommation (UC) d’un ménage.

 

 

 

 

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