Actualités sociales hebdomadaires : Quelle pourrait-être la situation des MNA après confinement ?
Violaine Husson : Le fait que les juges des enfants ne statuent plus sur les recours déposés par les jeunes qui ont été reconnus majeurs par les départements suscite de vraies inquiétudes. C’est le cas pour les mineurs qui atteindront 16 ans durant le confinement car, passé cet âge, les conditions d’obtention d’un titre de séjour sont plus difficiles. Si le jeune est pris en charge avant, le préfet ne peut pas lui refuser le titre de séjour, mais, au-delà, c’est à sa discrétion.
Les refus du titre de séjour risquent-ils d’augmenter ?
V. H. : Le cas des jeunes qui sont scolarisés et pris en charge entre 16 et 18 ans nous préoccupe. S’ils n’ont pas six mois de formation continue, ils vont avoir des difficultés pour obtenir leur titre de séjour à leur majorité. D’autant plus que la grande majorité des mineurs pris en charge dans des hôtels ou des appartements en semi-autonomie n’ont ni Internet ni ordinateur pour suivre leurs études à distance. Nous craignons que, post-confinement, les obligations de quitter le territoire français (OQTF) se multiplient pour ces jeunes qui vont avoir 18 ans durant la crise sanitaire.
Redoutez-vous d’autres conséquences ?
V. H. : C’est une catastrophe pour le suivi social, éducatif mais aussi médical des jeunes en hôtel ou en appartement. La crise fait resurgir énormément de choses. Les associations qui travaillent à l’accompagnement psy des mineurs constatent déjà que les syndromes post-traumatiques sont en train d’éclater.