Ces procédures s’accompagnent souvent d’une « incarcération en attente du procès » ajoute Alexia Peyre, psychologue à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et co-secrétaire nationale du syndicat SNPES-PJJ/FSU. La privation de liberté est nocive pour des jeunes « polytraumatisés, qui nécessiteraient une prise en charge plus conséquente » juge la psychologue. Un MIE « est avant tout un enfant en danger, et donc à protéger » martèle Martine Cocquet. Souvent livrés à eux-mêmes et en errance, « c’est leur situation qui les pousse à commettre les délits de subsistance » pour lesquels ils sont la plupart du temps incarcérés.
Une fois en détention, leur protection est loin d’être assurée. Alexia Peyre a récemment accompagné un jeune « psychotique, suivi par un centre médico-psychologique ». Suite à sa condamnation, celui-ci s’est retrouvé incarcéré avec des détenus majeurs : « il a mis un mois à voir un psychiatre », déplore-t-elle.
La faute à un paradoxe : nombre de ces jeunes n’ont pas été reconnus mineurs par le dispositif national d’évaluation, mais sont condamnés en tant que tels par la justice, et vice-versa. Les MIE « sont toujours suspectés de mentir sur leur âge et leur situation » rappelle la co-secrétaire nationale du SNPES-PJJ/FSU, pour qui il faudrait « respecter ce que dit la loi : les protéger, avec des tuteurs ad hoc, et disposer de davantage de structures ».
Par ailleurs, les organisations regrettent la « spécialisation de certains services » : à la PJJ de Paris par exemple, les mineurs isolés étrangers relèvent du DEMNA (dispositif éducatif mineurs non accompagnés). « Or, nous souhaitons qu’ils soient pris en charge comme les autres enfants, pour éviter leur stigmatisation » fait valoir Alexia Peyre.