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Des robots animaloïdes versus des animaux en institutions gériatriques

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« La robothérapie est une thérapie non médicamenteuse qui utilisent des robots humanoïdes (NAO), animaloïdes (PARO) ou objetoïdes auprès de personnes atteintes de déficience cognitive avancée », explique Cécile Dolbeau-Bandin, maitresse de conférence, université de Caen.

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[MEDIATION ANIMALE 8/23] Depuis quelques années, les thérapies assistées par animaux et par robots sont utilisées auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en France afin d’améliorer leur santé mentale ou/et physique et leur qualité de vie en institutions gériatriques spécialisées. Mais, est-ce vraiment pareil ?  

Des animaux aux bénéfices prouvés 

Les animaux ont-ils leur place en institutions gériatriques et qu’apportent-ils ? Selon Maria Tanasa, spécialiste de la médiation animale, « la zoothérapie est un terme générique qui fait référence à toutes sortes d’interventions destinées à l’homme et faite avec l’aide d’un animal. Elle se définit comme une méthode d’intervention basée sur la relation particulière que l’homme a développé avec l’animal et qui a pour but d’améliorer la santé mentale ou physique d’une personne, ou sa qualité de vie. L’objectif de cette méthode peut ainsi être thérapeutique, préventif ou pédagogique. Dans chaque contexte, l’idée est la même et consiste à amener l’animal dans l’environnement de la personne ciblée afin de faciliter le lien entre celle-ci et l’intervenant ». (1) 

En France, les principaux animaux « utilisés » sont le chien, le chat, l’âne, le cheval, le poney, le lama, certains rongeurs (lapin nain, gerbille, cochon d’inde), le dauphin et certains oiseaux (hibou, oie). 

Pour cette spécialiste, les avantages de la zoothérapie ne sont plus à démontrer en particulier « dans le traitement des différents troubles du comportement chez l’enfant et adolescent ou la dépression chez la personne âgée placée en institution ou non [...] Cette médiation animale complète les thérapeutiques déjà existantes (psychologie, psychiatrie, ergothérapie, kinésithérapie). Les interventions peuvent être thérapeutiques, éducatives, pédagogiques et permettent une meilleure qualité de vie ».

Le domaine scientifique en distingue deux types :  les Thérapies Assistées par l’Animal (TAA) et les Activités Assistes par l’Animal (AAA). Les TAA s’appuient sur des objectifs et évaluations, alors que les secondes ne le font pas. Pour la maladie d’Alzheimer, une étude menée par Leslie Charbonnier montre que « la médiation animale a un impact bénéfique auprès des résidents atteints de démence de type Alzheimer en Ehpad, mais nécessite un environnement favorable et cadré pour un déroulement optimal ». (2) 

Ainsi, il a été démontré scientifiquement que la zoothérapie présente plusieurs bénéfices thérapeutiques (3)  (physiologique, psychologique, social, communicationnel) : la présence de l’animal entraînerait un état de détente, d’apaisement, baisse de la tension artérielle, rythme cardiaque, réduction des niveaux de stress et d’anxiété, prévention de dépression et de solitude, amélioration de la confiance, des interactions sociales, de la communication verbale et non-verbale et de la qualité de vie (Dolbeau-Bandin, 2021). L’animal ne soigne pas ! Mais, il sert d’intermédiaire ou de médiateur pour entrer en contact avec la personne qui souffre.  

Les robots, des médiateurs comme les autres ? 

La robothérapie est une thérapie non médicamenteuse qui utilisent des robots humanoïdes (NAO), animaloïdes (PARO) ou objetoïdes auprès de personnes atteintes de déficience cognitive avancée. Le robot le plus utilisé en France auprès en institutions gériatriques françaises se nomme PARO. Quel est ce « robjet » ?  PARO est un robot dit social ayant une corporéité animaloïde. C’est bien un robot en forme de bébé phoque harpé. Ce n’est pas une représentation d’un animal domestique (comme le chien ou le chat) qui pourrait créer de la confusion et inconsciemment être rattachée à des risques de griffure ou de morsure.

D’après des études récentes, PARO présenterait les mêmes bénéfices que de la zoothérapie : baisse de la pression sanguine, du rythme cardiaque, de la tension musculaire et augmentation des interactions sociales et amélioration de la qualité de vie. Sa présence inciterait la communication verbale et non-verbale, l’expression et les transferts des sentiments et potentiellement la réminiscence de souvenirs antérieurs (Dolbeau-Bandin, 2021). Il aurait une action sur les troubles du comportement comme l’anxiété, l’irritation, l’agressivité, la dépression crépusculaire, l’agitation et l’apathie (Dolbeau-Bandin, 2021).  Le robot ne soigne pas ! Mais, il sert d’intermédiaire ou de médiateur pour entrer en contact avec la personne qui souffre.  

Des robots animaloïdes et des animaux complémentaires  

Les animaux et les robots animaloïdes seraient complémentaires dans les institutions gériatriques auprès de malades atteints de la maladie d’Alzheimer. Les Ehpad et les centres hospitaliers ayant accueilli des robots font également appel à des intervenants spécialisés en zoothérapie, et vice versa. L’animal et le robot animaloïde seraient des médiateurs des émotions et de la communication verbale et non-verbale. Le cadrage effectué par l’institut français de zoothérapie (4) colle parfaitement à ces deux thérapies non médicamenteuses : « La zoothérapie ou la médiation par l’animal ne guérit pas. Ce n’est pas une médecine. L’animal n’est pas un médicament. L’animal n’est pas un thérapeute. L’animal est un médiateur. Lorsque l’on veut pratiquer la zoothérapie professionnelle, il faut avoir un métier de base en santé ou en social. Exemple : infirmière, psychologue, médecin, aide-soignante, ergothérapeute, psychomotricienne, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants... »

L’encadrement par un professionnel formé est donc indispensable pour s’appuyer sur des animaux ou/et des robots dans des institutions gériatriques spécialisées. Et l’usage de ces deux thérapies non-médicamenteuses doivent être perçu comme un outil complémentaire au travail du personnel soignant. Quel que soit la thérapie utilisée, animale ou robotique, il se met en place une triade : animal ou robot/malade ou résident/professionnel. Il s’agit bien de complémentarité entre animaux et robots animaloïdes dans un environnement professionnel sécurisé et sécurisant à la fois pour les patients, les soignants, les animaux et les robots… 

Cécile Dolbeau-Bandin, maitresse de conférences, université de Caen et membre active de l’IERHR (Paris). Auteure de PARO, un robot contre Alzheimer 

Notes de fin de pages

(1) « Qu’est-ce qu’un chien médiateur ? », dans La zoothérapie auprès des personnes âgées. Une pratique professionnelle, sous la direction de Beiger François, Dibou Gaëlle. Paris, Dunod, « Santé Social », 2017, p. 9-15. URL : https://www.cairn.info/la-zootherapie-aupres-des-personnes-agees--9782100748631-page-9.htm 

(2) Charbonnier Leslie (2010). Thérapie facilitée par l’animal et maladie d’Alzheimer : quels bénéfices pour la communication ? Médecine humaine et pathologie, HAL Id: dumas-01521380 

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01521380  

(3) Quibel Clémence sous la direction de (2017). Évaluation de l’effet thérapeutique de la médiation animale dans la maladie d’Alzheimer, sous la direction de, in Soins GÉRONTOLOGIE - no 125 - mai/juin 2017, https://u-bourgogne.hal.science/hal-01565945/file/Gaimard_M%C3%A9diation%20animale.pdf  

(4) Institut français de zoothérapie, https://www.institutfrancaisdezootherapie.com/ 

Tanasa Maria (2009), La zoothérapie, une autre thérapie en EHPAD, thèse de doctorat, université Paris Descartes.  

Un robot contre Alzheimer

Approche sociologique de l’usage du robot Paro dans un service de gériatrie, Cécile Dolbeau-Bandin avec une préface de Serge Tisseron, éditions C&F Pais 2021.

 

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