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Intégration : le gouvernement dévoile sa feuille de route

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Doublement des heures de français, accès facilité au marché du travail... A deux semaines de l’examen de la loi "asile et immigration" par le Sénat, Edouard Philippe a dévoilé, mardi 5 juin, les principales mesures de la nouvelle politique gouvernementale d'intégration.

"Dessiner un plan d’actions global, donnant à l’étranger qui nous rejoint les meilleures chances de réussir sa vie en France" : telle est l’ambition de la feuille de route en matière de politique d'intégration des réfugiés, dévoilée ce mardi 5 juin par le Premier ministre. Conçues comme un complément social à la loi "asile immigration" - actuellement en commissions au Sénat avant son examen public à partir du 19 juin - la plupart des mesures présentées par Edouard Philippe sont inspirées du rapport intégration du député LREM Aurélien Taché remis en février.

Partant du constat que 40 % des signataires du contrat d’intégration républicaine (CIR) n’atteignent pas le niveau A1 en français – niveau le plus élémentaire d’utilisation de la langue -, le gouvernement fait du doublement des heures de français proposées aux étrangers s’installant légalement en France un axe majeur de sa politique. Dès 2019, les personnes ayant obtenu un titre de séjour pourront bénéficier de 400 heures de cours de langues contre 200 actuellement. Pour les personnes ne sachant ni lire ni écrire, des cours spécifiques seront mis en place, avec un volume horaire de 600 heures. En outre, des gardes d'enfants seront développées pour faciliter la présence aux cours des jeunes parents. Demain, cette formation devra être "suffisante pour permettre à l’étranger primo- arrivant d’occuper un emploi et de s’intégrer dans la société française", souligne le gouvernement.

Le programme du volet "formation civique" du CIR, jugé indigeste, sera adapté et la formation étalée sur 24 heures (au lieu de 12h). Un "accompagnement social individualisé" sera mis en place dès janvier 2019, pour "faciliter les démarches des premiers mois", en matière de santé, droits sociaux et de formation.

Mais, surtout, le gouvernement met l’accent sur un accès facilité à l’emploi, avec l’élaboration le plus tôt possible d’un parcours professionnel personnalisé. Il s’agira de mettre en place, en fin de CIR, un entretien pour orienter les étrangers en fonction de leur profil (Pôle emploi, APEC...). D’autres mesures, comme les formations linguistiques à visée professionnelle, la meilleure reconnaissance des formations et expériences antérieures, la "mobilisation des réseaux d'entreprises" telles que la Fondation agir contre l'exclusion (FACE) ont également été annoncées pour favoriser l’intégration sur le marché de l’emploi. Mais ces mesures n’ont cependant pas encore été chiffrées.

"La politique d'intégration, ce n'est pas exiger des étrangers qu'ils participent au lever de drapeau ou les considérer comme des maillons faibles à protéger. Mais leur permettre d'apporter le meilleur à la France, ce qui sera possible avec ce plan !", a tweeté Aurélien Taché.

Pour la Cimade, pourtant, le plan gouvernement n'est pas satisfaisant. S'il présente "quelques mesures qui vont dans le bon sens" en ce qui concerne l’accès à l’apprentissage de la langue et à l’emploi, "des pans entiers du rapport Taché n’ont pas été repris, notamment ceux qui avaient trait au logement", souligne Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade. "Or ces questions sont essentielles pour une dynamique d’intégration."

"On se repose ici sur l’existant alors que les dispositifs ne sont plus adaptés à la situation, estime-t-il. On sait pourtant que les personnes qui ont obtenu leurs titres de séjour saturent encore certaines structures d’hébergement parce qu’ils n’ont pas accès rapidement aux logements."

"On ne peut pas dire qu’on élabore un plan d’intégration si on ne réserve l’apprentissage linguistique qu’à ceux qui ont obtenu un titre de séjour, poursuit-il. Cet accès à la maîtrise de la langue devrait être inconditionnel. Et on ne peut pas non plus parler de politique d’intégration, sans penser à l’enjeu de la régularisation des sans-papiers qui sont là depuis longtemps. On est sur une feuille de route qui ne bénéficiera qu’à un petit nombre de personnes tandis que la grande majorité sera davantage précarisée par le reste des dispositions de la loi "asile et immigration", avec ce renforcement d’une politique de contrôle et d’expulsion."

Société

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