Un comité interministériel “de prévention de la délinquance et de la radicalisation” s’est tenu ce vendredi à Lille. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a présenté un plan national de 60 mesures, résumé dans ce document. L'ambition est de “réorienter la politique de prévention”. Ces annonces font suite à un premier plan datant de 2014 et à une série de mesures prises à la suite des attentats de 2015.
S'agissant des prisons, 1 500 places vont être créées “dans des quartiers étanches, exclusivement dévolus aux détenus radicalisés”, dont 450 “d’ici la fin de l’année”, a annoncé Edouard Philippe. Ces quartiers seront répartis sur tout le territoire.
Parmi eux figurent les quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER), où la dangerosité des prisonniers est évaluée pendant plusieurs mois. Ils passeront de trois à sept. Des psychologues, des “référents religieux”, ou encore des conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (CPIP) y interviennent. Les détenus sont évalués pendant environ quatre mois par groupe de douze.
Egalement “étanches”, deux nouveaux quartiers de prise en charge des personnes radicalisées (QPR) doivent être créés en 2018, sur le modèle de celui de la prison de Lille-Annœullin. Ils doivent accueillir, après leur évaluation, des “détenus majeurs radicalisés et prosélytes”.
En milieu ouvert, le plan acte la création de trois "centres de prise en charge individualisée" et pluridisciplinaire. Ils seront “expérimentés progressivement à Marseille, à Lyon et à Lille pour des publics radicalisés placés sous-main de justice”, a précisé Edouard Philippe. Le gouvernement a acté l’“échec” du centre de réinsertion de Pontourny. Les nouvelles structures s’inspireront plutôt du dispositif individualisé Rive (Recherche et intervention sur les violences extrémistes), qui a démarré fin 2016 à Paris. Dans ce cadre, une personne est suivie individuellement par cinq intervenants (éducateur, psychiatre et aumônier notamment) pendant un an. Edouard Philippe a aussi cite en exemple une expérimentation menée à Aarhus, au Danemark.
Pour le volet éducatif, outre des mesures de soutien à la laïcité à l'école et une "systématisation" de l'éducation à l'information (anticomplotisme...), l'exécutif a confirmé son soutien à une proposition du Sénat de durcir les conditions d'ouverture d'établissements scolaires hors contrat (qui regroupent 74 000 élèves seulement mais sont en fort développement), afin de combattre l'émergence de structures islamistes.
Vers un “guide des pratiques professionnelles”
L’un des volets du plan vise à “professionnaliser les acteurs locaux et évaluer les pratiques”. Parmi les mesures annoncées, signalons les suivantes :
- “Réaliser un guide commun des pratiques professionnelles référentes en matière de prévention de la radicalisation au profit des grands réseaux associatifs de travail social”
- “Associer les équipes territoriales aux droits des femmes et à l’égalité, et leur réseau associatif, au dispositif de prévention de la radicalisation et de suivi des personnes radicalisées”
- “Renforcer la relation entre les agences régionales de santé (ARS) et les préfectures sur l’articulation santé mentale/prévention de la radicalisation, via des conventions cadres précisant le rôle de chacun. Encourager la généralisation des bonnes pratiques dans les territoires, notamment celles relatives à l’appui apporté par les professionnels de santé mentale. En cellule préfectorale et en fonction des besoins exprimés, favoriser la présence de professionnels de santé et/ou de santé mentale aux côtés des référents de l’ARS”.