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Familles à la rue à Lyon : l'impuissance des travailleurs sociaux

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Crédit photo ©Crédit photo Jean-Michel Delage / Hans Lucas / AFP
A Lyon, des travailleurs sociaux assistent impuissants à la remise à la rue de mères et de leurs enfants, jusque-là accueillis en nuitées d'hôtel. Ils racontent souvent être eux-mêmes chargés d’annoncer les fins de prise en charge, sans solution alternative.

Solutions temporaires et précaires, les nuitées d'hôtel constituent une solution de mise à l’abri mobilisée en urgence dans le cadre de la protection de l'enfance, destinées aux familles avec enfants en bas âge. Des mères seules en attente depuis plusieurs mois d’une place en centre d’hébergement d’urgence (CHU) ou de réinsertion sociale (CHRS). Mais voilà, depuis quelques semaines, des familles sortent progressivement de ce dispositif.

Le recours aux nuitées d’hôtel réservées aux mères et leurs enfants de moins de 3 ans est un dispositif d’accueil géré par la métropole de Lyon dans le cadre des dispositifs ASE (aide sociale à l'enfance). Carine (1), travailleuse sociale à la métropole raconte : « Un couple et leur petit garçon de 2 ans présentant un grave problème de santé ont été hébergés dans un hôtel pendant plusieurs mois. Cependant, avec la fin des subventions pour les nuitées d'hôtel, ils doivent maintenant faire leurs valises et chercher un abri. Nous avons obtenu un sursis jusqu’au 31 mai. Mais si les négociations n’aboutissent pas, où iront-ils ? »

Cette situation dramatique n'est malheureusement pas isolée. La saturation de l'hébergement d'urgence à Lyon a atteint des niveaux critiques. Le service intégré d'accueil et d'orientation-maison de la veille sociale (SIAO-MVS) du Rhône peine à répondre aux demandes croissantes. « Nous recevons des appels désespérés chaque jour, mais nous n'avons tout simplement plus de places disponibles », explique un travailleur social sous couvert d'anonymat. 

Hormis les nuitées d’hôtel, les professionnels n'ont aucun autre recours pour les familles sans droit ni titre. « La Métropole ne communique pas sur le sujet, nous sommes mis au pied du mur quand les familles arrivent dans notre bureau pour nous annoncer qu’elles ont dû quitter l’hôtel », regrette Carine, qui se demande, indignée : « Où est la protection de l’enfance dans ce système ? »

 

Des solutions précaires sur fond d’enjeux politiques

« Ces mises à l’abri que l'on mobilise, suivies de remises à la rue brutales, créent un stress immense et permanent pour les enfants, particulièrement les plus jeunes, souligne une assistante sociale. Les familles continuent de lutter pour un toit chaque nuit, certaines trouvant refugent dans les salles d'attente des urgences hospitalières, vers lesquelles nous orientons nous-même, le 115 étant saturé. »

« La crise de l'hébergement s’enlise sur fond d’enjeux politiques entourant la question de l'hébergement d'urgence, analyse Romain, travailleur social dans une association. La métropole de Lyon, tout comme d'autres grandes villes françaises, doit jongler avec des budgets limités et une demande croissante. Nous nous mobilisons aux côtés des associations de défense des droits des sans-abri pour appeler à une réforme urgente et à une augmentation des financements publics pour faire face à cette situation. »

Le collectif Solidarité femmes à la rue organisait, mercredi 15 mai, un rassemblement pour réclamer l’organisation d’une réunion en urgence avec l’Etat, les mairies, la métropole et les collectifs mobilisés, notamment le collectif Jamais Sans Toit ainsi que des solutions d’hébergement d’urgence pérennes pour toutes les personnes à la rue.

>>> à lire aussi : Mais où sont passés les 120 millions pour l'hébergement d'urgence ?

« Nous avons besoin d'un plan d'urgence pour trouver des solutions pérennes pour ces familles », plaidera un responsable de service social qui tente de tenir des statistiques pour alerter les décideurs. « Plus on aura des chiffres précis du nombre de familles à la rue, plus nous pourrons influer sur les décisions, et les choix bugétaires. Il en va de la dignité et de la sécurité de centaines de personnes. »

Nous avons contacté les services de la métropole de Lyon qui n'ont, pour le moment, pas répondu à nos sollicitations.


(1) Les personnes interviewées nous ont demandé l'anonymat, toutes redoutant de manquer à leur obligation de discrétion professionnelle.

 

 

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