Au Paléolithique, les infirmités et handicaps de nos ancêtres Homo sapiens ornaient les murs des grottes. Dans la mythologie grecque, Œdipe, boiteux et aveugle, était prisonnier d’un destin tragique. Des siècles plus tard, les nains servaient d’amuseurs à la cour des rois de France et la religion symbolisait les fous en victimes du démon… Dans son essai, Gérard Bonnefon, ancien directeur d’une école de travail social, livre une formidable fresque des représentations artistiques de la folie et du handicap à travers le temps et des moyens de les traiter avec la musique, la danse, le théâtre… Ainsi, Charcot, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a tenté de soigner la soi-disant hystérie de ses patientes en les faisant jouer sur scène. Chercheurs, médecins en herbe et messieurs en mal de curiosité ou de fantasmes venaient les voir. Le début, selon l’auteur, d’un « théâtre du handicap », qui se développe aujourd’hui et gagne le cinéma. Une manière de regarder l’altérité en face.
, essai d’anthropologie historique, Gérard Bonnefon, éd. Érès, 25 €.