A Caen, une rue portera bientôt son nom. Madeleine Verly a rejoint le service social des chemins de fer de la Basse-Normandie en 1931, après des études d’infirmière visiteuse sociale.
Dès 1940, cette assistante sociale âgée de 43 ans exerçant à la gare de Caen s’engage dans la Résistance. Après de modestes premières actions, elle intègre un réseau de renseignement sous le pseudonyme de Valentine. Dans un témoignage conservé aux archives de la SNCF, elle évoque son patriotisme comme l’élément déclencheur de son engagement. Elle appartient au réseau F2 franco-polonais, puis est rattachée au réseau Samson des Forces françaises combattantes, dirigées depuis Londres. Madeleine est en lien avec le chef de gare, Albert Augé, entouré de plus de 2 000 cheminots du dépôt de locomotives, actifs dans la Résistance locale et dans les sabotages du matériel ferroviaire.
Valentine/Madeleine a des fonctions d’informatrice. Son métier et son brassard SNCF lui permettent de se déplacer et de se renseigner sur l’état des forces allemandes, notamment sur le lieu du futur débarquement de juin 1944. Elle fournit également des faux papiers à des réfractaires du Service du travail obligatoire et organise des caches pour certains. Dès la fin de l’été 1942, elle assume des missions périlleuses : communiquer aux Anglais les horaires du train qu’utilise Rommel, commandant des forces allemandes, ou encore récupérer les plans ayant trait au radar de Barneville qui régissait le trafic maritime de Brest. Cette action aurait aidé à la destruction du cuirassé allemand le Tirpitz, le 12 novembre 1944. Madeleine est aussi en lien avec un ouvrier de l’arsenal qui lui fournit l’état des stocks d’hydrocarbures et les mouvements des navires ennemis. Autre fait d’armes, la cache d’un poste émetteur et la transmission de messages aux résistants emprisonnés à Caen.
Parallèlement à son rôle dans les rouages des réseaux clandestins, elle continue à exercer son métier et, dès la fin 1943, assure clandestinement la mission de service social auprès des familles des résistants arrêtés. En 1944, elle crée le Comité des œuvres sociales de la Résistance (Cosor) pour le Calvados qui vient en aide aux familles de résistants incarcérés, fusillés ou déportés. A la Libération, elle poursuit au grand jour cette activité et, en 1945, elle est une des premières adhérentes de l’Association nationale des assistantes sociales (Anas).
Le 30 mars 1945, Madeleine Verly est citée à l’ordre du régiment par le général de Gaulle, et décrite comme une « jeune femme d’un courage et d’un dévouement exemplaires qui fournit des renseignements très précieux sur les défenses d’une portion du secteur côtier ».