De l'oubli à la mémoire

Evelyne, enceinte à 16 ans comme sa mère  Michèle, 24 ans, qui élève, déjà seule, une petite fille de 18 mois  Frédérika, 30 ans, prostituée dans un Eros center venue accoucher en France  Noura, une jeune Marocaine de 20 ans... Elles ont accouché anonymement, dans le secret. Jeanne Guillin, conseillère conjugale en centres et foyers maternels, qui les a accompagnées, donne la parole à ces « mères d'abandon », celles que l'on entend si peu dans le débat autour de l'accouchement sous X. Or que nous racontent-elles à travers leurs 26 histoires singulières ? Sinon que leurs frustrations, leurs blessures, l'insurmontable vide affectif ont pu les conduire à rêver un jour de l'enfant réparateur. Mais que face à la réalité, le projet est devenu impossible... pour elles, mais non « pour une autre mère »... Or, si le terme d'adoption rassure, celui d'abandon, encore chargé de réprobation, dérange. Plutôt que de les opposer, ne faut-il pas les considérer comme les deux versants d'une même histoire « dont l'enfant est le sujet »   ?, s'interroge Jeanne Guillin. Car autant la mère d'abandon que celle d'adoption ont un travail de deuil à accomplir. Et pour que celui-ci soit possible, « il est…