Après une lettre ouverte datée du 19 novembre et restée sans réponse, plusieurs organisations renouvellent leur appel à Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées. L’objectif : alerter sur la « situation inquiétante » que rencontrent les établissements et services d’aide par le travail (Esat) dans ce contexte pandémique. « Si près de 92 % des Esat avaient retrouvé un niveau d’activité normal ou quasi normal avant le deuxième confinement, les structures accusent une perte moyenne de chiffre d’affaires par rapport à l’exercice 2019 à la même époque qui s’établit déjà à près de 30 % », rappellent les 16 structures (Unapei, Uniopss, APF France handicap, Andicat, Apajh, Nexem…) dans un communiqué commun publié le 15 décembre.
#Communiqué - #Esat : une situation inquiétante qui appelle des réponses urgentes de la part du @gouvernementFR https://t.co/Ypml0IdHTb
— Nexem (@Nexem_actu) December 16, 2020
Ces chiffres sont issus d’une enquête flash de novembre 2020 ayant recueilli 457 réponses en cinq jours, un « échantillon très représentatif », selon les auteurs de l’étude. Mais Jean-Louis Leduc, directeur général de la fédération Apajh (Association pour adultes et jeunes handicapés), souligne qu’il s’agit d’une moyenne et que certains établissements seront probablement amenés à perdre davantage que 30 % de leur chiffre d’affaires. « Cela dépend beaucoup de leur secteur d’activité, explique-t-il. Dans certains domaines, les entreprises donneuses d’ordre ont elles-mêmes des carnets de commandes très à la baisse. »
Des impacts sur la santé mentale des travailleurs handicapés
Les résultats de l’enquête flash montrent que la principale difficulté rencontrée par les Esat reste, à 56 %, le manque de débouchés et de contrats. La gestion des questions sanitaires (masques, EPI, consignes…) pose également problème, ainsi que l’accès à la santé et le développement des troubles et impacts sur la santé mentale des travailleurs handicapés.
Pour faire face à cette situation, les organisations signataires de l’appel demandent la mise en place d’un fonds de soutien d’urgence qui servirait à accompagner les Esat plus touchés par les conséquences de la crise sanitaire. « Nous souhaitons que les situations soient examinées au cas par cas afin d’éviter des catastrophes dans les établissements les plus en difficultés qui sont gérés par de petites associations », fait savoir Jean-Louis Leduc.
En parallèle, « dans une vision de moyen terme », il est également préconisé de créer un fonds de relance et d’aide à l’investissement. Celui-ci se destinerait aux structures au sein desquelles les activités de sous-traitance dominent pour les aider à se repositionner vers « des prestations de services et des productions propres non délocalisables ».
Des recommandations déjà formulées dans la lettre ouverte du 19 novembre et qui se font de plus en plus pressantes, alors que les entreprises s’apprêtent à réaliser la clôture de leurs comptes et bilans, pointe Jean-Louis Leduc : « La plupart d’entre nous reconnaissons que l’Etat nous a bien soutenu, à travers la garantie des dotations de fonctionnement, la garantie de rémunération des travailleurs, poursuit-il. Il y a eu des choses faites, mais là nous alertons sur un point un particulier et nous sommes interloqués de ne pas avoir de retour. »