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Référent addictologie et carcéral
« Le référent addictologie et carcéral est l'interface entre l'usager, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et l'extérieur, pour favoriser la continuité des soins en addictologie. » Maxime L., travailleur social référent carcéral Csapa.
Missions
Le travailleur social référent CSAPA, aussi appelé référent carcéral en addictologie, se tient à la croisée de l’accompagnement médico-social, de la réduction des risques et de la justice.
À mesure que les politiques publiques ont replacé les addictions au cœur de l’accompagnement sanitaire, son rôle s’est affirmé comme l’un des piliers de la prise en charge des personnes incarcérées ayant des conduites addictives. Les CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) ont alors progressivement étendu leurs interventions à l’intérieur des établissements pénitentiaires.
Cette présence, d’abord expérimentale, est devenue un maillon incontournable du dispositif de santé en détention, et le référent carcéral en addictologie s’est imposé comme l’interlocuteur privilégié entre l’administration pénitentiaire, les équipes soignantes et les personnes détenues.
Au quotidien, le référent CSAPA en milieu pénitentiaire accompagne des personnes aux trajectoires souvent chaotiques. Son travail commence par un entretien d’accueil, mené dans un cadre confidentiel, où la personne détenue peut évoquer ses usages, ses craintes ou ses objectifs.
Loin d’un simple recueil d’informations, cet échange initie un lien, fragile mais essentiel, qui permettra de bâtir un projet d’accompagnement. Pour comprendre les mécanismes de l’addiction, le professionnel s’appuie sur une observation attentive, sur l’écoute des parcours de vie et sur une connaissance fine des conduites addictives, qu’elles concernent l’alcool, les stupéfiants, le jeu ou les usages détournés de médicaments.
À partir de cette première approche, il élabore une démarche thérapeutique personnalisée. Il peut proposer des entretiens réguliers, initier une prise en charge psychologique, faciliter l’accès à une consultation médicale spécialisée ou mettre en place un suivi de réduction des risques.
Dans le cadre de la détention, le référent carcéral en addictologie devient un véritable médiateur du soin, capable d’ajuster en permanence son approche aux contraintes du milieu pénitentiaire. Il explique les enjeux d’un traitement, rassure face à un protocole, encourage la stabilisation et soutient les tentatives de changement.
Son rôle ne se limite pas à l’accompagnement individuel. Il participe activement au travail partenarial qui structure l’ensemble du dispositif de soins en détention.
Aux côtés des soignants de l’unité sanitaire en milieu pénitentiaire (USMP), des surveillants, des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et des travailleurs sociaux, il contribue à la coordination autour de la personne détenue. Cette collaboration est indispensable pour garantir une continuité de prise en charge, prévenir les ruptures de soins et anticiper les situations de crise.
Les réunions pluridisciplinaires, les échanges réguliers et les évaluations partagées permettent de maintenir un suivi ajusté, cohérent et réactif.
Le référent carcéral en addictologie s’engage également dans des actions collectives. Il peut animer des ateliers de prévention sur les substances psychoactives, la gestion du stress ou la préparation à la sortie.
Ces temps favorisent l’émergence d’un discours moins culpabilisant sur les conduites addictives. Ils permettent aussi aux détenus de mobiliser leurs propres ressources, de s’approprier des connaissances et parfois de renouer avec une forme de confiance en leurs capacités.
Profil et compétences
Le public accompagné étant extrêmement divers, le métier de référent CSAPA en milieu pénitentiaire exige une grande souplesse, mais aussi une solide maîtrise des techniques d’entretien. Il doit conjuguer empathie, disponibilité et discernement. Il lui faut instaurer une relation authentique, dépourvue de jugement, tout en sachant poser un cadre clair.
La confidentialité, la patience et la capacité à repérer les signaux de fragilité sont essentielles. Il doit également être capable de se positionner dans un environnement institutionnel exigeant, où les règles de sécurité cohabitent avec l’impératif d’accès aux soins.
Sa créativité est également sollicitée, car il doit souvent contourner les limites imposées par le milieu carcéral pour maintenir un accompagnement de qualité.
Formation
Le métier de référent carcéral en addictologie en milieu pénitentiaire ne repose pas sur un diplôme spécifique, mais est accessible à travers différents parcours de formation et d’expérience.
La majorité des professionnels sont titulaires d’un diplôme du travail social, notamment celui d’éducateur spécialisé, d’assistant de service social (ASS) ou de conseiller en économie sociale familiale (CESF).
Le choix d’un travailleur social s’avère pertinent car ces professionnels ne s’inscrivent ni dans le champ de la Justice ni complètement dans celui du soin. Cela leur confère une certaine neutralité aux yeux des personnes détenues et des différents acteurs. De plus, cette catégorie professionnelle est reconnue pour sa capacité à proposer un accompagnement global et à animer un réseau partenarial.
Quel que soit le diplôme d’origine, une formation complémentaire en addictologie est courante et souvent indispensable pour exercer dans de bonnes conditions. Elle peut prendre la forme d’un DU universitaire, d’une formation certifiante ou d’un module interne proposé par le CSAPA employeur. Le professionnel y découvre autant les mécanismes biologiques des addictions que leur dimension sociale, culturelle ou psychique.
L’entrée dans le milieu pénitentiaire demande en outre une préparation spécifique. Les nouveaux professionnels sont formés aux règles de sécurité, aux protocoles d’établissement et à la compréhension du fonctionnement judiciaire. Cette immersion permet de mieux appréhender les dynamiques propres à la détention, qui peuvent parfois bousculer les repères professionnels habituels.
Débouchés
Le travailleur social référent CSAPA exerce en détention à mi-temps ou à temps plein, en fonction de la taille de l’établissement pénitentiaire.
Lorsqu’il est à mi-temps, son temps peut être réparti entre la maison d’arrêt et le CSAPA employeur, avec la possibilité d’intervenir également en milieu ouvert ou dans des dispositifs de prévention spécialisée.
Perspectives d’évolution
Après quelques années d’expérience, le référent carcéral en addictologie peut évoluer vers d’autres fonctions au sein de son CSAP ou d’un établissement partenaire. Son expertise peut aussi le conduire à occuper un poste de chef de service, de référent territorial en addictologie, de coordinateur de programmes de réduction des risques, ou encore à rejoindre des unités hospitalières spécialisées.