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Enseignant spécialisé
« Je prends les élèves tels qu’ils sont, avec leurs difficultés, et je m’adapte à chacun d’eux. J’utilise une grande variété de supports (jeux, manipulation, tableau interactif) pour répondre à leurs besoins. J’essaie aussi de renforcer leur estime d’eux-mêmes et d’accompagner leur relation aux autres. Dans ce travail, je me sens vraiment utile. » (Dorothée, enseignante spécialisée en UEMA [unité d’enseignement maternel autisme] à Nantes)
Missions
Le métier d’enseignant spécialisé s’inscrit dans une longue histoire de l’éducation adaptée. Dès les années 1970, les premières classes d’intégration scolaire apparaissent pour accueillir des enfants en situation de handicap au plus près des dispositifs ordinaires. Ces initiatives se renforcent progressivement, notamment avec la loi de 2005 qui consacre le droit à la scolarisation de tous les élèves et impose de développer l’accessibilité pédagogique. Dans ce contexte, les missions de l’enseignant spécialisé se sont étendues : d’un rôle centré sur la prise en charge individuelle en établissements spécialisés, il est devenu un acteur essentiel de l’inclusion scolaire au sein des écoles, collèges et lycées.
Aujourd’hui, l’enseignant spécialisé a pour mission centrale d’accompagner des élèves présentant des besoins éducatifs particuliers afin de leur permettre de progresser, de s’épanouir et de trouver leur place dans le parcours scolaire. Son travail commence par une analyse fine des besoins de chaque élève. Il observe leurs capacités, leurs difficultés et leur manière d’apprendre afin d’identifier ce qui facilite ou freine l’accès aux connaissances. À partir de ces observations, il élabore des objectifs personnalisés et conçoit des activités adaptées, structurées et progressives.
Sa fonction inclut également l’aménagement des enseignements. L’enseignant spécialisé reformule ainsi les consignes, propose des supports simplifiés, enrichit les contenus ou modifie l’organisation matérielle pour rendre les apprentissages accessibles. Il peut utiliser des outils spécifiques, comme des pictogrammes, des logiciels d’aide ou des supports sensoriels, afin de contourner les obstacles rencontrés par les élèves.
Par ailleurs, il accompagne les jeunes dans le développement de leurs compétences sociales, de leur autonomie et de leur capacité à apprendre. Il crée un climat de confiance, valorise les réussites, encourage la coopération entre pairs et favorise le développement de stratégies d’autorégulation. Il contribue également à la construction de l’estime de soi, souvent fragilisée chez les élèves accueillis.
L’enseignant spécialisé joue aussi un rôle important dans la coordination autour de l’élève. Il participe aux réunions d’équipes éducatives et aux équipes de suivi de la scolarisation, où il collabore avec les familles, les enseignants de la classe ordinaire, les professionnels médico-sociaux ou encore les psychologues scolaires. Il contribue à la rédaction ou à l’actualisation du Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) et veille à ce que les aménagements décidés soient effectivement mis en place.
Profil et compétences
L’enseignant spécialisé doit avant tout être un professionnel capable d’allier compétence pédagogique, sens relationnel et capacité d’adaptation. Son profil se caractérise par une solide maîtrise des apprentissages fondamentaux et une connaissance fine du développement de l’enfant, des troubles cognitifs, sensoriels ou comportementaux, ainsi que des mécanismes d’apprentissage. Il doit être en mesure d’analyser les besoins spécifiques de chaque élève et d’élaborer des réponses pédagogiques individualisées. La patience, l’empathie et l’écoute active sont essentielles pour instaurer un climat de confiance et accompagner des jeunes parfois en difficulté dans leur estime d’eux-mêmes.
L’enseignant spécialisé doit également faire preuve de créativité pour concevoir des supports adaptés et proposer des activités diversifiées, tout en étant capable d’ajuster ses pratiques en fonction des retours observés. Son travail demande une réelle capacité à coopérer : il collabore quotidiennement avec les enseignants, les familles, les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) et les professionnels du secteur médico-social. L’organisation, la rigueur et la capacité à formaliser des projets personnalisés sont également indispensables, tout comme la faculté à communiquer clairement avec des interlocuteurs variés.
Formation
Pour devenir enseignant spécialisé, il est d’abord nécessaire d’être titulaire d’un concours d’enseignant de l’Éducation nationale (CRPE pour le premier degré, CAPES, CAPET ou équivalent pour le second degré). L’accès à la spécialisation se fait ensuite par l’obtention du CAPPEI (Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation Inclusive). La formation se déroule généralement sur une année et combine des apports théoriques, des mises en situation pratiques, des stages observation dans divers dispositifs (ULIS, RASED, IME, ITEP, etc.), ainsi qu’un accompagnement individualisé.
Le contenu de cette formation est structuré en plusieurs modules :
- Une première partie porte sur la connaissance des différents types de besoins éducatifs particuliers : troubles cognitifs, sensoriels, moteurs, troubles du spectre de l’autisme, troubles du comportement, difficultés d’apprentissage persistantes, etc. Les enseignants y étudient également le développement de l’enfant, les processus d’apprentissage et les enjeux psychologiques liés à la scolarité des élèves en fragilité.
- Une seconde partie de la formation est consacrée aux pédagogies adaptées : différenciation, conception de supports accessibles, mise en place de situations d’apprentissage personnalisées, outils numériques compensatoires, modalités d’évaluation adaptées, etc. Les stagiaires apprennent aussi à créer et suivre des projets personnalisés et à organiser le travail en petits groupes ou en inclusion.
Un volet important concerne la collaboration et la dimension partenariale. Les enseignants sont formés à travailler avec les familles, à coordonner leurs actions avec les AESH, les psychologues, les orthophonistes ou les établissements médico-sociaux. Ils apprennent à animer des réunions, à rédiger des observations professionnelles et à participer aux équipes de suivi de la scolarisation.
L’obtention du CAPPEI repose sur une épreuve certificative comprenant un dossier professionnel et une observation de séance.
Il est possible d’accéder à la certification CAPPEI (Certificat d’Aptitude Professionnelle aux Pratiques de l’Éducation Inclusive) par la voie de la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience).
Débouchés
L’enseignant spécialisé peut exercer dans un large éventail de structures. La majorité travaille au sein de l’Éducation nationale, dans des dispositifs tels que les unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS), ou les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), où ils interviennent en soutien auprès d’élèves présentant des difficultés persistantes. Ils peuvent également rejoindre des établissements médico-sociaux, comme les instituts médicoéducatifs (IME), les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP) ou hôpitaux de jour, où leur expertise pédagogique est indispensable pour accompagner des jeunes aux profils complexes. Certains postes existent aussi dans des associations spécialisées ou dans des structures accueillant des enfants et adolescents en situation de handicap.
Évolutions de carrière
Après quelques années d’expérience, l’enseignant spécialisé peut choisir de se spécialiser davantage auprès d’un type de public ou dans un domaine particulier, comme les troubles du spectre de l’autisme, les troubles du langage ou les pédagogies adaptées. Certains enseignants deviennent coordonnateurs ULIS, rôle qui implique d’animer le dispositif, de suivre les parcours individuels et de travailler étroitement avec les équipes pédagogiques et les familles. D’autres s’orientent vers des fonctions de référent handicap, de conseiller pédagogique, ou encore vers la formation des enseignants. Il est également possible d’évoluer vers la direction d’établissement spécialisé (IME, ITEP) ou de se tourner vers des postes dans l’encadrement de l’Éducation nationale, comme directeur d’école ou chef d’établissement adjoint pour le second degré. Certains enseignants choisissent enfin de s’investir dans des projets de recherche-action, de concevoir des outils ou des dispositifs innovants en lien avec l’inclusion scolaire.