Missions

C’est dans les années 1940 qu’apparaissent les premières initiatives, souvent portées par des bénévoles ou des professionnels du secteur social, d’interventions « hors les murs », directement dans la rue. Avec la création des premiers clubs et équipes de prévention dans les années 1950, le métier d’éducateur de rue, ou éducateur de prévention spécialisée, se professionnalise. Aujourd’hui, fort de plus de 60 ans d’histoire, il joue un rôle clé dans la lutte contre la marginalisation des jeunes et l’accompagnement des publics les plus fragiles. L’éducateur de rue travaille essentiellement dans les quartiers populaires, mais aussi de plus en plus en territoire périurbain ou rural, là où les institutions publiques ne sont pas.

Sa mission première consiste à aller à la rencontre des jeunes âgés de 11 à 25 ans désocialisés ou marginalisés. Il s’agit d’un travail de proximité, basé sur la relation de confiance, la disponibilité et l’écoute. L’éducateur de rue repère les situations à risque, propose des activités et facilite le lien avec les institutions (écoles, services sociaux, justice, santé...). Par le dialogue, il cherche à comprendre leurs difficultés et à instaurer une relation de confiance. Pour cela, il met en œuvre des actions de groupe ou individuelles que les jeunes peuvent investir librement.

Les temps partagés proposés aux jeunes par les éducateurs de rue sont nombreux et divers : présence et échanges informels sur leurs lieux de vie, activités de loisirs, sportives, culturelles, séjours collectifs, chantiers éducatifs… Ces actions répondent à des projets précis et visent à les aider à identifier et mobiliser leurs ressources personnelles et celles de leur environnement.

L’éducateur de rue soutient les jeunes dans leurs démarches d’insertion : recherche d’emploi, reprise de formation, accès à la mission locale, préparation au permis de conduire, accès à la santé, au logement, à leurs droits sociaux, etc. en jouant un rôle de médiateur entre les différents acteurs du territoire (écoles, services sociaux, justice, associations).

L’éducateur de rue peut également intervenir auprès de familles migrantes, vivant dans des conditions précaires. Il aide les enfants à accéder à la scolarité, accompagne les parents dans leurs démarches administratives, et organise des ateliers de soutien scolaire ou des sorties culturelles pour favoriser l’intégration.

Sur le terrain, l’éducateur de rue travaille en binôme. Ce fonctionnement en duo permet d’assurer la qualité et la continuité de l’accompagnement et de croiser les regards pour mieux analyser les situations rencontrées. Les décisions et les suivis sont discutés collectivement, ce qui garantit une cohérence dans les actions menées et une capacité de remplacement en cas d’absence.

Avant même d’intervenir auprès des jeunes, l’éducateur de rue prend contact avec les acteurs locaux : centres sociaux, missions locales, commissariats, associations, établissements scolaires, commerçants, gardiens d’immeuble, etc. Ce travail de partenariat permet de mieux connaître les ressources du quartier afin de faire le lien entre les jeunes et les différentes structures du territoire.

Profil et compétences

Le métier d’éducateur de rue nécessite une grande capacité à communiquer. Il doit être capable d’adapter sa communication à des publics variés et créer un lien de confiance avec des personnes souvent méfiantes ou en rupture avec les institutions.

L’éducateur de rue doit faire preuve de compréhension, d’écoute et de patience. Il doit savoir instaurer une relation de confiance, sans jugement, et respecter le rythme de chacun. Il agit souvent dans la durée. Il doit savoir repérer les signes de mal-être, de danger ou de rupture sociale et ajuster son intervention en conséquence.

Pour travailler avec des jeunes en perte de repères, il faut également être capable de faire face à des situations difficiles, parfois violentes ou imprévisibles, tout en gardant le recul nécessaire.

Formation

Il n’existe pas de cursus dédié à la fonction d’éducateur de rue : l’essentiel des compétences spécifiques s’acquièrent « à l’école de la rue », par l’expérience directe sur le terrain et à travers l’analyse des pratiques professionnelles. Pour devenir éducateur de rue, la formation de référence reste cependant le Diplôme d’État d’Éducateur Spécialisé (DEES. Le diplôme intègre une forte dimension pratique et théorique adaptée à l’intervention de terrain. D’une durée de trois ans, ce dernier alterne en effet enseignements théoriques et stages pratiques.

Le diplôme se décompose en 4 domaines de formation :

• La relation éducative spécialisée
• Conception et conduites de projets éducatifs spécialisées
• Travail en équipe pluriprofessionnelle et communication
• Dynamiques inter institutionnelles, partenariats et réseaux.

Les étudiants effectuent 2100 heures de formation pratique (3 ou 4 stages), dont une partie peut être réalisée dans des équipes de prévention spécialisée, afin d’acquérir une expérience concrète du travail de rue.

L’accès à la formation se fait sur entretien oral après dépôt du dossier d’inscription. Il est également possible d’accéder au DEES par la voie de l’apprentissage ou de la formation continue, notamment via la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) pour les professionnels déjà engagés dans le secteur social.

Débouchés

La majorité des éducateurs de rue exercent au sein d’associations dédiées à la prévention spécialisée, qui interviennent dans les quartiers prioritaires pour accompagner les jeunes en difficulté. Ces associations sont souvent subventionnées par les conseils départementaux ou d’autres collectivités locales. Certaines municipalités, conseils départementaux ou centres communaux d’action sociale (CCAS) emploient directement des éducateurs de rue, notamment pour répondre à des besoins spécifiques sur leur territoire. Par exemple, des postes peuvent être créés par une mairie ou un CCAS pour intervenir auprès des jeunes déscolarisés ou en situation de rupture.

Evolutions de carrière

Avec l’expérience, un éducateur de rue peut évoluer vers des postes de chef de service socioéducatif, de coordinateur de projet, de formateur ou encore de chargé de mission en politique de la ville ou en protection de l’enfance. Certains éducateurs choisissent de se spécialiser dans l’accompagnement de publics spécifiques (mineurs non accompagnés, jeunes en errance, familles vivant en squat ou bidonville) ou dans des dispositifs innovants (auto-école sociale, médiation scolaire, etc.). Il est également possible d’évoluer tout en restant éducateur de rue, en développant de nouvelles compétences, en participant à des projets pilotes ou en prenant des responsabilités au sein d’équipes pluridisciplinaires.