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Art-thérapeute
« L’art-thérapie est une façon de parler de soi sans dire “je”. C’est le processus créatif qui est thérapeutique, en ce qu’il trans forme un handicap ou une maladie en enrichissement personnel. » (Lola, art-thérapeute au sein d’une association à Lyon)
Missions
L’art-thérapie puise ses origines dans l’Antiquité, où des penseurs comme Aristote reconnaissaient déjà le pouvoir libérateur et apaisant de l’art. Au fil du temps, la dimension thérapeutique de la création artistique s’est affirmée, jusqu’à devenir une approche structurée au XXe siècle. En France, la discipline s’est véritablement développée à partir des années 1980, grâce à la création de formations spécialisées et à son intégration progressive dans les établissements de santé. Aujourd’hui, le métier d’art-thérapeute consiste à accompagner, par le biais d’activités artistiques, des personnes en difficulté psychique, physique ou sociale. Ce professionnel intervient auprès d’un large public, allant des enfants aux personnes âgées, en passant par les adolescents, les adultes en souffrance, les personnes en situation de handicap ou encore les personnes incarcérées.
L’art-thérapeute met en œuvre des séances individuelles ou collectives adaptées aux besoins des usagers. Il s’inscrit dans une démarche de soin ou d’accompagnement, en mobilisant la création artistique comme levier d’expression, de transformation et de mieux-être. Les ateliers proposés visent à stimuler la créativité et à soutenir l’émergence de la parole, dans un cadre bienveillant, sans visée esthétique ni jugement.
L’art-thérapeute conçoit un programme d’ateliers artistiques, en choisissant les médiums les plus appropriés. Il peut ainsi proposer la peinture ou le modelage à une personne âgée afin de stimuler sa créativité et de préserver ses capacités motrices. Dans un service de pédopsychiatrie, il peut organiser des séances de théâtre d’improvisation pour aider des enfants à développer leurs compétences relationnelles et à prendre confiance en eux. En milieu carcéral, il peut mettre en place des ateliers d’écriture pour permettre à des détenus d’exprimer leurs ressentis et de travailler sur la prise de conscience de leurs actes. Chez un adolescent en difficulté scolaire, la pratique de la musique peut favoriser la gestion des émotions.
Pendant les séances, l’art-thérapeute anime et guide le processus créatif, tout en assurant un cadre sécurisant et bienveillant. Il observe attentivement les réactions, les attitudes et les évolutions des participants, afin d’ajuster ses interventions et de répondre au mieux à leurs besoins. Il favorise l’expression des émotions, la communication, la confiance en soi, la stimulation cognitive ou motrice, selon les problématiques rencontrées.
L’art-thérapeute assure également un suivi régulier, avec des bilans intermédiaires et finaux, qu’il partage avec l’équipe soignante ou éducative. Il rédige des comptes rendus, participe aux réunions de coordination et peut être amené à expliquer ou défendre son approche auprès des familles ou des institutions.
Enfin, il joue un rôle de conseil et de sensibilisation à l’intérêt de l’art-thérapie, parfois même en participant à la formation d’autres professionnels ou à des actions de prévention.
Profil et compétences
Le métier d’art-thérapeute requiert de solides compétences artistiques, acquises par la pratique et la connaissance approfondie de différentes techniques telles que la peinture, la sculpture, le dessin, la musique, la danse ou le théâtre. A cela s’ajoute une grande capacité d’adaptation, indispensable pour ajuster ses interventions à la diversité des publics et des situations rencontrées. Le sens de l’écoute, l’empathie et la patience sont également fondamentaux pour instaurer une relation de confiance et accompagner chaque personne dans son processus créatif et thérapeutique.
L’art-thérapeute se distingue aussi par sa créativité, sa curiosité et son ouverture d’esprit, qui lui permettent de proposer des approches innovantes et personnalisées.
Formation
Pour devenir art-thérapeute, une formation spécifique en art-thérapie est indispensable. Celle-ci peut être suivie dans le cadre universitaire (Diplôme Universitaire – DU, ou Master) ou dans des instituts privés spécialisés reconnus dans le secteur (comme l’Inecat, Profac, Afratapem etc.). La durée de la formation varie généralement entre 1 et 3 ans, selon le niveau visé et le type d’établissement.
Le DU d’art-thérapie, proposé par plusieurs universités françaises, s’échelonne souvent sur une ou deux ans, à raison de plusieurs sessions réparties sur l’année, en formation continue.
Le Master en art-thérapie, plus approfondi, dure deux ans. Il inclut des unités d’enseignement en psychopathologie, techniques artistiques, méthodologie de projet, éthique, déontologie et clinique de la relation. Il comprend également une part importante de pratique artistique personnelle, de stages professionnels encadrés, et parfois de supervision clinique.
L’accès à ces formations requiert généralement un niveau Bac+2 à Bac+3 minimum, de préférence dans les domaines de la psychologie, des sciences humaines, du travail social, de l’art ou du soin (éducateur spécialisé, psychologue, infirmier, etc.). Un dossier de candidature, un entretien de motivation et un portfolio artistique peuvent être exigés, notamment dans les écoles privées. Une pratique artistique régulière et une expérience préalable dans l’accompagnement ou le soin sont souvent des prérequis appréciés, voire indispensables.
Débouchés
L’art-thérapeute peut exercer dans de nombreux secteurs : établissements médico-sociaux (IME, MAS, FAM, foyers de vie, Ehpad), structures sanitaires (hôpitaux psychiatriques, services de soins palliatifs, centres de rééducation), structures éducatives ou sociales (Mecs, Esat, maisons d’arrêt, centres d’accueil pour migrants ou personnes en situation de précarité), ou encore en exercice libéral, seul ou en collaboration avec des psychologues, médecins ou associations. La majorité des art-thérapeutes exercent en complément d’une autre activité (psychologue, éducateur spécialisé, animateur, etc.) ou en auto-entrepreneur, en réponse à des appels à projets, financements ponctuels ou partenariats.
Evolution de carrière
Avec l’expérience, l’art-thérapeute peut développer une expertise dans un domaine spécifique (gérontologie, psychiatrie, handicap, enfance en danger…), animer des groupes de supervision ou devenir référent art-thérapie dans une structure. Certains choisissent de se tourner vers la formation, l’enseignement, ou la coordination de projets artistiques et thérapeutiques, notamment au sein d’instituts de formation ou d’associations. Une poursuite d’études (Master, DU en médiations thérapeutiques, doctorat en sciences humaines ou santé) peut aussi permettre une orientation vers la recherche clinique ou universitaire.