Madame Grandemont entre dans mon bureau, tandis que la salle d’attente est bondée. C’est une petite femme qui porte fièrement ses 84 ans. Elle est maquillée et a tiré ses cheveux blancs en un chignon haut. Propriétaire d’un domaine sur la commune, elle recherche des informations pour louer sa petite dépendance. Alors qu’elle s’installe à mon bureau, elle me regarde d’un air contrit, ou peut-être condescendant :
« Oh ma pauvre ! Ça ne doit pas être facile de travailler avec ces pauvres gens…
– Qu’entendez-vous par là ?
– Je veux dire ces… cas sociaux… Vous êtes une sainte pour recevoir ces gens sans les juger, et les aider malgré eux…
– Malgré eux ?… Si je peux me permettre, chacun d’entre nous est un cas social. Vous venez dans mon bureau pour vous informer sur la législation locative…
– Ah mais… ce n’est pas la même chose ! Enfin, vous ne pouvez pas me comparer… »
Monsieur Delamarre m’explique qu’il fait du black pour s’en sortir. Il me jette un œil par-dessus ses lunettes en disant :
« Je me confesse, vous ne pouvez pas le répéter, n’est-ce pas ?
– Nan, désolée, mais la confession, c’est l’égl
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