Historiquement inscrite dans la filiation militante de l’éducation populaire, l’animation socioculturelle s’est institutionnalisée et sa dimension critique et émancipatrice a progressivement cédé le pas à un accompagnement plus proche de l’ordre établi. Dans les milieux populaires, l’animation apparaît même comme une pratique singulière qui s’apparente à une « intervention d’encadrement des publics en difficultés », analyse Mustafa Poyraz, sociologue et enseignant dans un centre de formation à l’animation. Quels que soient les discours concernant l’importance des projets culturels, éducatifs et sociaux, la stratégie des pouvoirs publics locaux consiste, dans la plupart des cas, « à trouver les moyens d’intervention pour calmer le jeu […] alors même que les contestations désordonnées et sans perspectives émanant des jeunes sont désormais imprévisibles et incontrôlables », souligne l’auteur. Ainsi s’explique, dans les quartiers « sensibles », l’embauche privilégiée d’animateurs issus de l’immigration, qui mettent à profit leur proximité culturelle et religieuse avec les jeunes pour remplir un « rôle de régulat
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