« Tu ne peux rien mettre dans ton CV, tu en es sûr ? interroge Jean-Robert Civil, légèrement provocateur. Tu n’as jamais travaillé, vraiment ? Si tu as vendu du kali [1], alors tu as des compétences en vente, tu sais trouver des acheteurs… » Interloqués, les huit jeunes délinquants réunis autour de la table du carbet (un abri de bois sans mur, typique des cultures amérindiennes), qui leur sert également de réfectoire, ricanent. Il a déjà fallu à leur enseignant dix à quinze bonnes minutes pour que tous s’asseyent, acceptent à contrecœur de passer leur tee-shirt ou de retourner dans leur chambre chercher un stylo avant de se mettre à lire les documents préparés pour eux. « T’es fou, on peut pas mettre ça, lance l’un d’eux. Et puis les acheteurs, c’est eux qui viennent vers nous. »
Professeur détaché de l’Education nationale auprès du centr
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