Chaque année, des milliers d’immigrés viennent « s’échouer » en Espagne. Un autre naufrage les y attend : l’errance parmi les ombres. « Ces hommes imprègnent ma conscience, chaque année la même vague, les mêmes hommes, lâche Oriol Canals, réalisateur espagnol, qui a voulu raconter leur destin hors du commun. Comment montrer des personnes qui ont peur d’être vues ? Comment faire parler des personnes qui ont tant de secrets ? Comment raconter leur histoire alors qu’elles n’aspirent qu’à oublier ? » En proposant à ces « hommes-ombres » d’envoyer les images filmées à leur famille restée au pays, qui ignore où ils sont et ce qu’ils sont devenus. Ils s’expriment alors face à la caméra commes’ils s’adressaient à leurs proches : « Maman. J’ai beaucoup souffert sur l’eau. Mais on ne meurt pas avant son heure. Dans la pirogue, plus de nourriture, plus d’essence. On croyait que c’était fini alors nous avons prié », raconte le plus bavard. « Vers 14 heures, un vent s’est levé, le piroguier a dit qu’on n’allait pas s’en sortir, les gens criaient. Je n’ai pas bougé, j’ai attendu la mort. Les corps flottaien
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