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LE PROJET DE LOI DE FINANCES 2005

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Le conseil des ministres a avalisé, le 22 septembre, le projet de budget pour 2005. Au menu : une série de mesures fiscales présentées comme favorables à la croissance et à l'emploi. Au chapitre des dépenses, le ministère de Jean-Louis Borloo et la Justice voient leurs crédits augmenter.

Deux mois avant de quitter Bercy pour la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy a présenté, le 22 septembre en conseil des ministres, son projet de loi de finances pour 2005. Un texte qui, a martelé le ministre, fait de la réduction des déficits une « priorité absolue ». Selon les prévisions de Bercy, la France devrait ainsi ramener l'ensemble de ses déficits publics à 2,9 % du produit intérieur brut - contre 3,6 % cette année -, soit, comme l'exige Bruxelles, sous la barre des 3 %. Un progrès qui, pour Nicolas Sarkozy, tient non seulement au retour de la croissance depuis la fin 2003, mais aussi à l'augmentation des recettes et au maintien, en volume, des dépenses. «  Au total, a-t-il affirmé, c'est une marge de 17 milliards d'euros qui a été dégagée et qui permet de consacrer 10 milliards à la réduction du déficit, 5 milliards aux priorités du gouvernement et 2 milliards à des mesures fiscales pour la croissance et l'emploi. » Des mesures fiscales calibrées, pour certaines, pour ne pas avoir d'incidence avant les budgets 2006 et 2007, et ciblées à la fois sur les entreprises et sur les ménages, avec notamment pour ces derniers l'augmentation de la prime pour l'emploi, la refonte du prêt à taux zéro, l'alignement du régime fiscal des partenaires liés par un pacte civil de solidarité sur celui des époux, le relèvement du plafond des dépenses éligibles à la réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile ou encore l'allégement des droits de succession. Le gouvernement a, en revanche, renoncé à poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu, marquant une « pause » dans le mouvement initié en 2002.

Au chapitre des dépenses, peu de ministères échappent à l'effort de rigueur demandé par Bercy. Certains secteurs prioritaires, comme la Justice ou l'Intérieur, sont toutefois épargnés et voient leurs crédits augmenter. Le budget du ministère de Jean-Louis Borloo est également en hausse (+ 2,5 % à périmètre constant). Le plan de cohésion sociale dispose, comme prévu, d'une enveloppe de 1 milliard, l'essentiel devant financer le nouveau « contrat d'avenir » et les maisons de l'emploi (1).

Les députés devraient examiner le projet de loi de finances à compter du 19 octobre.

I - LES MESURES FISCALES

A - Les mesures touchant à la fiscalité des ménages

1 - UNE « PAUSE » DANS LA BAISSE DE L'IMPÔT SUR LE REVENU

Malgré un contexte économique difficile, le gouvernement avait choisi l'an dernier de maintenir la ligne de la diminution de l'impôt sur le revenu, pour rester dans le sens des engagements pris en 2002 par Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle (2). Changement de cap aujourd'hui avec le projet de budget 2005. « Les contraintes budgétaires conduisent à faire une pause dans la baisse des taux du barème applicable pour l'imposition des revenus de l'année 2004 », explique Bercy. Les tranches de revenus seraient toutefois actualisées afin de tenir compte de l'évolution de l'indice des prix hors tabac, qui s'élève à 1,7 % (voir tableau ci-dessous).

Barème applicable aux revenus 2004

Les seuils et limites associés au calcul de l'impôt devraient évoluer, de la même façon, sur la base d'une indexation de 1,7 %.

2 - LA REVALORISATION DE LA PRIME POUR L'EMPLOI

Le projet de loi de finances prévoit que tous les seuils et limites de la prime pour l'emploi seront indexés de 1,7 % pour tenir compte de l'évolution des prix hors tabac entre 2003 et 2004. Mais, désireux de garantir l'efficacité du dispositif pour ses bénéficiaires, le gouvernement a décidé de faire un geste supplémentaire en revalorisant par ailleurs de 2,3 % les limites de revenus professionnels à partir desquels la prime sera calculée. Ce qui fait qu'au total, le rehaussement des seuils serait de 4 %. Coût de ces deux mesures : 410 millions d'euros.

Généralement de quelques centaines d'euros mais modulable selon le salaire et la composition du foyer fiscal, la prime pour l'emploi vise, pour mémoire, à apporter un complément de revenus aux personnes, notamment à temps partiel, percevant les plus petits salaires afin de rendre plus attractifs les revenus du travail par rapport aux prestations sociales. Selon Jean- Pierre Raffarin, elle touche « 8,5 millions de Français », « les plus fragiles, ceux qui ont besoin d'être aidés ».

3 - L'EMPLOI D'UN SALARIÉ À DOMICILE

Les contribuables qui emploient un salarié à domicile, directement ou par l'intermédiaire d'une association ou d'une entreprise agréée, pour exécuter des tâches ménagères ou familiales (ménage, garde d'enfant, aide au maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées) ont droit à une réduction d'impôt. Elle est égale à la moitié des dépenses effectivement supportées par le contribuable, dans la limite d'un plafond qui n'a cessé d'évoluer avec le temps. Fixé à 13 800  € sous le gouvernement Balladur, il fut ainsi diminué de moitié en 1998 par la gauche revenue au pouvoir (sauf pour les contribuables invalides ou ayant à leur charge une personne invalide, pour qui il a été maintenu). Mouvement inverse depuis l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à Matignon : passé de 6 900  € à 7 400  € en 2002, il a ensuite été porté à 10 000  € en 2003. Aujourd'hui, le gouvernement veut aller encore plus loin et propose de l'augmenter de 50 %, pour l'établir à 15 000  €. Ce qui, selon Bercy, correspond « en pratique [...] au coût d'une personne employée à temps plein et payée au SMIC, hors charges patronales ». Le projet de budget 2005 prévoit par ailleurs de porter le plafond spécifique de dépenses applicable lorsque l'un des membres du foyer fiscal est invalide de 13 800  € à 20 000  €.

Appliqués aux dépenses engagées en 2005 et donc aux impôts payés en 2006, ces relèvements coûteraient cette année-là 64 millions d'euros.

Ces mesures, très critiquées par l'opposition, ne font pas l'unanimité dans les rangs de la majorité. Pierre Méhaignerie, président (UMP) de la commission des finances de l'Assemblée nationale estime par exemple que relever de 50 % le plafond de déduction des emplois familiaux représente « beaucoup » et considère comme plus « normale » une augmentation de 10 % seulement. L'UDF juge, pour sa part, la revalorisation envisagée « tout à fait excessive ». Au final, le dispositif pourrait donc être revu à la baisse lors de la discussion parlementaire, d'autant qu'au vu des réactions suscitées, Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà fait savoir qu'il était « prêt à discuter ».

4 - LES « JOBS D'ÉTÉ » DES JEUNES EXONÉRÉS D'IMPÔT

Les rémunérations perçues par les jeunes dans le cadre de « jobs d'été » sont aujourd'hui soumises à l'impôt sur le revenu, dans les conditions de droit commun. Ce qui, note Bercy, « peut représenter pour les parents une charge supplémentaire qui peut être dissuasive ». C'est pourquoi le projet de loi prévoit d'exonérer d'impôt sur le revenu, dans la limite annuelle du SMIC, les rémunérations perçues par les jeunes de moins de 18 ans dans le cadre d'une activité exercée pendant leurs congés scolaires.

Cette mesure s'appliquerait à compter de l'imposition des revenus de l'année 2005, pour un coût estimé à 3 millions d'euros en 2006.

5 - LES INDEMNITÉS VERSÉES AUX VICTIMES DE L'AMIANTE

Le projet de budget propose que les indemnités versées aux victimes de l'amiante soient, d'une part, exonérées d'impôt sur le revenu et, d'autre part, déduites de l'actif successoral. La première disposition devrait s'appliquer rétroactivement aux indemnités perçues à compter de l'année 2002 et la seconde à toutes les successions des personnes victimes d'une pathologie à l'amiante et indemnisées à ce titre.

Présentée comme le témoignage de la solidarité nationale envers les victimes de l'amiante, la mesure était réclamée par les associations. Son coût est évalué à 10 millions d'euros.

6 - DES AMÉNAGEMENTS APPORTÉS AU RÉGIME FISCAL DES « PACSÉS »

Au printemps dernier, pour désamorcer la polémique sur le mariage gay, Jean-Pierre Raffarin promettait, entre autres, que le régime fiscal du pacte civil de solidarité (PACS) serait « amélioré ». Une annonce qui prend corps aujourd'hui dans le projet de budget 2005.

a - En matière d'impôt sur le revenu

Le projet de loi de finances pour 2005 propose de mettre en œuvre une des revendications centrales des associations de défense des personnes homosexuelles : la soumission à une imposition commune des personnes souscrivant un PACS dès la conclusion de celui-ci. Aujourd'hui, alors que les couples mariés peuvent procéder dès la date de leur union à une déclaration fiscale unique, les partenaires liés par un PACS doivent justifier de 3 années de contrat avant de bénéficier du même avantage. Cette disparité de traitement devrait donc disparaître à partir de l'imposition des revenus perçus au cours de l'année 2004. En cas de rupture du PACS, les contribuables seraient soumis à une imposition commune jusqu'à la date de sa remise en cause, puis imposés en leur nom propre au titre des revenus dont ils auront eu la disposition entre cet événement et le 31 décembre de l'année de sa survenance. Toutefois, en cas de rupture du pacte avant l'expiration de l'année suivant celle de sa conclusion, pour un motif autre que le mariage entre les partenaires ou le décès de l'un d'entre eux, l'imposition commune serait remise en cause.

b - En matière de donation et de succession

En matière de donation, les partenaires liés par un PACS doivent, pour bénéficier d'un abattement de 57 000  € et d'un barème d'imposition spécifique, attendre 2 ans après la signature de leur pacte. Le gouvernement propose de supprimer cette condition. Cependant, en cas de rupture du PACS avant l'expiration de l'année suivant celle de sa conclusion, pour un motif autre que le mariage entre les partenaires ou le décès de l'un d'entre eux, la transmission à titre gratuit serait remise en cause.

Le projet de budget prévoit par ailleurs qu'en matière de succession, le pacsé pourra, au même titre qu'un conjoint survivant, appliquer un abattement de 20 % sur la valeur vénale réelle de la résidence principale de son partenaire défunt s'il occupe le bien à la date du décès de ce dernier. Ce qui ne lui est pas possible actuellement.

Ces deux mesures devraient s'appliquer aux successions ouvertes à compter du 1er janvier 2005.

A noter : mis en place en juin par la chancellerie, le groupe de travail chargé d'évaluer le PACS devrait présenter de nouvelles propositions de réforme en novembre. La question de la pension de réversion en cas de décès de l'un des partenaires ou le droit au séjour des étrangers pacsés font partie des sujets actuellement à l'étude.

7 - LA RÉFORME DE LA REDEVANCE AUDIOVISUELLE

Reprenant une idée déjà avancée il y a un peu moins de 2 ans, le projet de budget pour 2005 prévoit l'adossement de la redevance à la taxe d'habitation pour les particuliers. L'objectif :réduire à la fois le coût de traitement de la redevance et la fraude.

La réforme devrait entrer en vigueur le 1erjanvier 2005. Toutes les personnes physiques qui, à cette date, détiendront un appareil récepteur de télévision ou assimilé, et qui seront redevables de la taxe d'habitation pour un local affecté à l'habitation devront s'acquitter de la redevance. Une seule sera due par foyer quel que soit le nombre d'appareils détenus ou de résidences.

Les conditions d'exonération de la redevance audiovisuelle devraient être par ailleurs alignées sur celles de la taxe d'habitation. Les bénéficiaires du revenu minimum d'insertion et les titulaires de l'allocation aux adultes handicapés seront ainsi dispensés de redevance TV. Toutefois, pour les personnes qui perdront le bénéfice de l'exonération de la redevance du fait de cet alignement, le maintien des dispositions antérieures est prévu. « Ainsi, ces personnes ne devraient pas acquitter la redevance [...] en 2005, ni, sous certaines conditions, en 2006 et 2007 », indique Bercy, sans donner plus de précisions.

La date limite de paiement de la redevance audiovisuelle devrait être, en outre, alignée sur celle de la taxe d'habitation (15 novembre ou 15 décembre) et le principe du paiement d'avance maintenu. Et l'avis de redevance télé envoyé en même temps que l'avis de taxe d'habitation, un seul titre de paiement étant émis.

Selon Bercy, grâce aux gains de gestion procurés par la réforme, le montant de la redevance s'établira à 116  € en métropole et à 74  € dans les départements d'outre-mer (contre 116,50  € et 74,50  € actuellement).

A noter : pour les professionnels, le projet de budget prévoit l'adossement de la redevance audiovisuelle à la taxe sur la valeur ajoutée.

B - La refonte du prêt à taux zéro

Cela faisait quelques mois que le secrétariat d'Etat au logement et Bercy réfléchissaient à un mécanisme de remplacement du prêt à taux zéro (PTZ). A l'arrivée, le projet de budget pour 2005 propose un dispositif que le secrétaire d'Etat au logement, Marc-Philippe Daubresse, qualifie de « PTZ plus ».

Le PTZ actuel est accordé par les organismes de crédit conventionnés avec l'Etat aux personnes physiques dont les ressources ne dépassent pas un certain plafond et qui acquièrent pour la première fois un logement neuf ou ancien sous conditions de travaux. Son montant est limité à 20 % du coût de l'opération et il est consenti sans intérêts ni frais de dossier. En compensation, ces établissements de crédit reçoivent, pour chaque prêt octroyé, une subvention de l'Etat égale au coût de l'absence d'intérêts.

La réforme proposée dans le projet de loi revient à remplacer ce système par un mécanisme de prise en charge des intérêts d'emprunt financée par un crédit d'impôt. Il s'agira toujours, pour le particulier primo-accédant, de souscrire un prêt à 0 % auprès d'un établissement de crédit, que l'Etat continuera d'indemniser à hauteur des intérêts non perçus auprès de l'emprunteur. Mais au lieu de toucher une subvention, la banque bénéficiera d'un crédit d'impôt étalé sur 7 ans. Les sommes empruntées dans le cadre du prêt à taux zéro « nouvelle formule » devraient continuer à être considérées comme un apport personnel.

Le dispositif devrait concerner les établissements ayant signé une convention de distribution avec l'Etat, qui consentent des prêts aidés aux personnes physiques pour l'acquisition de leur premier logement neuf ou ancien constituant leur résidence principale.

Le nouveau mécanisme devrait élargir le nombre de ménages aidés. Bercy estime en effet qu'environ 150 000 familles supplémentaires pourraient en profiter, ce qui porterait le nombre total de bénéficiaires à 250 000 par an. Première explication : à la différence de l'actuel prêt à taux zéro, le crédit d'impôt s'appliquera aux logements anciens sous réserve simplement de respecter des normes de salubrité. Il n'y aura donc plus, pour l'ancien, de conditions de travaux. De plus, les plafonds de ressources devraient être revus à la hausse. Les ménages les plus modestes ne seront donc plus les seuls bénéficiaires de l'aide à la primo-accession.

Le crédit d'impôt devrait s'appliquer aux charges d'intérêts selon des modalités à préciser par décret, tenant compte notamment des ressources et de la composition du ménage.

Bercy précise encore que la dépense fiscale résultant du nouveau dispositif montera en charge au fur et mesure de la conclusion de nouveaux prêts et pourrait représenter 1,2 milliard d'ici à 5 ans.

A noter : la durée de la mesure devrait être limitée à 5 ans, afin de pouvoir mieux apprécier l'impact du crédit d'impôt.

II - LES DÉPENSES

A - Emploi, Travail, Cohésion sociale

Doté de 39,36 milliards d'euros en 2004, le budget du Travail, de l'Emploi et de la Cohésion sociale devrait s'élever en 2005 à 40,35 milliards d'euros. « Dans un contexte tendu pour les finances publiques », les crédits du ministère progressent ainsi de 2,5 % à périmètre constant.

A noter que ces crédits sont répartis entre quatre sections budgétaires. Trois d'entre elles relèvent de sa compétence exclusive ( « travail et emploi », « ville et rénovation urbaine » et « logement » ). Une quatrième donne lieu à un partage de compétences avec le ministère de la Santé ( « solidarité santé » ).

A retenir également

Aide aux personnes.

Le crédit d'impôt actuellement accordé pour certaines dépenses d'équipement de l'habitation principale devrait être remplacé par deux dispositifs distincts à compter de l'imposition des revenus de l'année 2005 : un crédit d'impôt « en faveur du développement durable » et un autre « en faveur de l'aide aux personnes ». Le taux de ce dernier sera fixé à 25 % pour les dépenses d'installation et de remplacement d'équipements spécialement conçus pour les personnes âgées et handicapées et à 15 % pour certains ascenseurs ainsi que pour les travaux de prévention des risques technologiques. Pour un même contribuable et une même habitation, le montant des dépenses ouvrant droit à ce crédit d'impôt ne pourra excéder, pour la période allant du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2009, la somme de 5 000pour une personne seule et de 10 000pour un couple. Ce plafond sera majoré pour tenir compte de la situation de famille du contribuable.

Apprentissage.

« Afin de rationaliser le financement de l'apprentissage » , le projet de budget pour 2005 prévoit de remplacer l'actuel fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage (FNPTA) par un « fonds national de développement et de modernisation de l'apprentissage (FNDMA)  ». En plus des ressources du FNPTA (150 millions d'euros) et des recettes supplémentaires liées à la suppression de certains cas d'exonération de la taxe prévus par la loi de cohésion sociale (123 millions), le nouveau fonds devrait être alimenté par une fraction de la taxe d'apprentissage, fixée par voie réglementaire. En outre, il devrait bénéficier des recettes correspondant aux sommes perçues aujourd'hui à titre résiduel par le Trésor public, soit 28 millions d'euros en 2005, selon les projections du ministère. « Les dépenses de ce fonds continueraient à assurer une péréquation entre les régions mais financeraient également des actions nouvelles en faveur de l'apprentissage (amélioration du statut de l'apprenti, adaptation de l'appareil de formation)  » , indique Bercy. De plus, le taux de la taxe d'apprentissage, actuellement 0,5 % de la masse salariale, devrait être augmenté par la création d'une contribution supplémentaire au profit des régions dont le taux serait fixé à 0,06 % pour 2005, 0, 12 % pour 2006 puis 0,18 % à compter de 2007. Rappelons que pour compenser cette augmentation, le projet de loi de programmation pour la cohésion sociale prévoit la création d'un crédit d'impôt de 1 600  e à 2 200  pour les entreprises qui embaucheront un apprenti (3).

Successions.

Afin d'alléger les droits dus sur les transmissions à titre gratuit au profit des enfants et du conjoint survivant, le gouvernement propose d'appliquer sur l'actif de la succession reçu par ces derniers une franchise de 50 000 €

. L'abattement existant par ailleurs sur la part d'héritage de chacun des enfants serait porté de 46 000à 50 000à compter du 1er janvier 2005 (tandis que celui applicable au conjoint survivant resterait fixé à 76 000 € ). Le coût de la mesure est évalué à 630 millions d'euros.

1 - TRAVAIL ET EMPLOI

Avec une dotation de 32,21 milliards d'euros, le budget du travail et de l'emploi, stricto sensu, augmente de 1,8 % par rapport à 2004 (31,65 milliards) (4). Si l'on ne tient pas compte de la compensation des allégements de charges , les crédits évoluent, avant tout, sous l'effet de la mise en œuvre du plan de cohésion sociale, « doté de 981 millions d'euros de mesures nouvelles positives, chiffre ramené à 681 millions compte tenu de 300 millions de redéploiements pris en compte dans le plan ».

a - L'insertion professionnelle des jeunes

L'effort en faveur des jeunes repose sur trois mesures : la relance de l'apprentissage, la réforme de la formation en alternance et la mise en place d'un « accompagnement personnalisé » pour ceux sortis sans qualification du système scolaire.

L'apprentissage

Au total, les moyens alloués à l'apprentissage devraient atteindre 4,127 milliards d'euros en 2005, contre 3,431 milliards cette année.

Dans le détail, le projet de loi de finances prévoit une  hausse en 2005 de 0,06 point de la taxe d'apprentissage, actuellement fixée à 0,5 % de la masse salariale des entreprises qui y sont assujetties (voir encadré). Cette mesure devrait permettre de dégager 197 millions d'euros supplémentaires, cette somme devant être « intégralement affectée aux régions ». Mais,  en contrepartie, les crédits de l'Etat transférés aux conseils régionaux devraient diminuer de 160 millions d'euros (1,134 milliard d'euros l'année prochaine, contre 1,294 milliard en 2004).

Avec la suppression de diverses exonérations de la taxe d'apprentissage prévue par le projet de loi de programmation pour la cohésion sociale, les employeurs devraient, en outre, acquitter 123 millions d'euros supplémentaires en 2005.

En contrepartie, le nouveau crédit d'impôt de 1 600  par apprenti présent dans l'entreprise au moins 6 mois l'année précédente (porté à 2 200  € pour les apprentis relevant d'un accompagnement personnalisé), également prévu par le projet de loi Borloo, devrait procurer en 2005 « un gain évalué à 472 millions d'euros pour les entreprises ».

Selon les estimations du ministère, au total, environ 600 millions d'euros supplémentaires seront ainsi dégagés au profit de l'apprentissage.

Par ailleurs, l'Etat apportera dans le cadre des « contrats d'objectifs et de moyens » prévus par le projet de loi de programmation pour la cohésion sociale, au regard des moyens consentis par les autres parties concernées (régions, organismes consulaires et organisations représentatives des milieux socioprofessionnels), un financement complémentaire par l'intermédiaire du fonds national de développement et de modernisation de l'apprentissage (voir encadré).

Les autres formations en alternance

Le contrat de professionnalisation

La formation en alternance, relancée par l'accord des partenaires sociaux de septembre 2003 sur la formation tout au long de la vie (5), fait également l'objet d'une priorité marquée. Il s'agit d'accompagner la création et l'essor du nouveau contrat de professionnalisation (6) qui remplacera, à compter du 1er octobre 2004, les actuels contrats en alternance (contrats d'adaptation, d'orientation et de qualification jeunes et adultes). Le projet de loi de finances pour 2005 autorise, à cet effet, 180 000 entrées en contrat de professionnalisation, dont 160 000 pour les jeunes. A titre de comparaison, la loi de finances pour 2004 prévoyait 138 000 entrées (dont 125 000 pour les jeunes) dans les dispositifs existants. Corrélativement, les crédits passent de 386 millions à 472 millions d'euros, soit une progression de plus de 22 %.

Le parcours d'accès à la fonction publique

10 millions d'euros sont également budgétisés au titre des compensations d'exonérations de charges sociales pour l'apprentissage dans les trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) qui, conformément au plan de cohésion sociale, « sera fortement dynamisé » avec la création du « parcours d'accès à la fonction publique » (PACTE) (7).

L'accompagnement des jeunes sans qualification

Le droit à l'accompagnement personnalisé

Le plan de cohésion sociale prévoit, sur 5 ans, l'accompagnement vers l'emploi durable de 800 000 jeunes sortis du système scolaire sans qualification. Afin de parvenir à cet objectif, ces publics pourront notamment bénéficier d'un « accompagnement personnalisé ».

« Pour concrétiser ce droit nouveau à l'accompagnement vers l'emploi », le projet de finances prévoit :

 des moyens supplémentaires à hauteur de 66 millions d'euros pour les missions locales et les permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO), afin de permettre, notamment, le recrutement de référents et de coordonnateurs ;

 une mesure nouvelle de 32 millions d'euros pour le financement de « plates-formes de vocation », créées au sein de l'ANPE, destinées à orienter les jeunes vers les métiers où le potentiel de recrutement est avéré ;

 une mesure nouvelle de 52 millions d'euros pour le financement de « bourses intermédiaires », permettant aux jeunes de ne pas subir de perte complète de revenu entre deux périodes de travail (ou entre une période d'emploi et une période de formation), tant que l'accès à l'emploi pérenne n'est pas acquis ;

  la création d'un « fonds d'insertion professionnelle des jeunes », doté de 75 millions d'euros, qui permettra de financer les actions nécessaires (formations, stages) pour les jeunes les plus en difficulté. Le contrat jeune en entreprise

Cet ensemble de mesures s'accompagne, au-delà, d'une réforme du contrat jeune en entreprise inscrite dans le projet de loi de programmation pour la cohésion sociale. Ce dernier prévoit que le montant de l'aide de l'Etat versée aux employeurs sera modulable, « en fonction, notamment, de la situation du jeune ».

Les crédits de l'Etat consacrés à ce dispositif passent de 416 millions d'euros en 2004 à 429 millions dans le projet de loi de finances pour 2005. Le nombre d'entrées budgétisées pour l'année prochaine est fixé, comme en 2004, à 90 000.

Les emplois-jeunes

Dans le même temps, les crédits consacrés aux emplois-jeunes, en voie d'extinction, poursuivent leur décrue et passent de 1,59 milliard d'euros en 2004 à 996 millions en 2005. Le projet de loi de programmation pour la cohésion sociale accélère d'ailleurs le processus en supprimant la possibilité de remplacer les jeunes qui quittent leur poste avant le terme de la convention.

Le CIVIS

Parallèlement, le volet « activités d'utilité sociale » du contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS) (8) est « mis en extinction » .Cette forme de contrat aidé a, en effet, rencontré « peu de succès », concède le ministère (9). En revanche, le CIVIS « accompagnement dans l'emploi » est « considérablement renforcé », avec la mise en place de l' « accompagnement personnalisé » qui peut se dérouler dans le cadre de ce contrat (10).

b - Les aides à l'emploi des chômeurs de longue durée et des bénéficiaires de minima sociaux

Conformément au projet de loi Borloo, les titulaires de minima sociaux pourront bénéficier du nouveau contrat d'activité - qui devrait être rebaptisé « contrat d'avenir »  -, réservé au secteur non marchand. 383 millions d'euros sont, à cette fin, budgétisés pour permettre 185 000 entrées dans le dispositif en 2005. Dans le secteur marchand, ils seront orientés vers le contrat d'insertion-revenu minimum d'activité (CI-RMA), dont l'essor est attendu pour le second semestre 2005. Lors de sa création, l'objectif était de 100 000 contrats dès 2004. Or seuls 1 500 titulaires ont été recensés en juillet, selon les chiffres du ministère. L'ambition est par conséquent plus mesurée, le gouvernement tablant sur 30 000 entrées en 2005. Une dotation de 40 millions d'euros est en outre affectée au renforcement de la couverture sociale associée au CI-RMA.

Pour les chômeurs de longue durée, deux contrats pourront leur être proposés : le contrat d'accompagnement dans l'emploi (CAE) dans le secteur non marchand, destiné à remplacer les contrats emploi-solidarité et les contrats emploi consolidé, et dans le secteur marchand, le contrat initiative-emploi (CIE), dont la dénomination est conservée mais qui fait l'objet d'améliorations. 230 000 entrées dans ces deux dispositifs sont attendues en 2005 : 115 000 en CAE et 115 000 en CIE. Le ministère précise toutefois que cette répartition est « purement indicative, puisque les services pourront moduler la durée des contrats, le montant moyen de l'aide accordée et la répartition entre les deux types d'emplois aidés, au sein de l'enveloppe fongible ». Une enveloppe qui prévoit pour l'activation de ces deux dispositifs 50 millions d'euros de crédits budgétaires.

Enfin, 99 millions d'euros sont inscrits au profit des chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise.

c - La réforme du service public de l'emploi

Egalement prévues par le projet de finances, les implications financières liées à la création d'ici à 2009 de 300  « maisons de l'emploi », qui ont vocation à orienter et accompagner le demandeur d'emploi. En 2005, 120 millions seront ainsi consacrés à leur mise en route.

Des moyens accrus sont, au-delà, octroyés à l'ANPE, au titre de la mise en place de « plates-formes des vocations pour les jeunes ». La subvention qui lui est versée par l'Etat augmentera ainsi de 32 millions d'euros par rapport à 2004 pour s'établir à 1,214 milliard d'euros. Quant à l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), elle se trouve « confortée tant dans ses moyens - avec une subvention de fonctionnement de 720 millions d'euros, stable par rapport à 2004 - que dans ses missions, puisque le projet de loi de programmation relatif à la cohésion sociale propose de réaffirmer sa pleine appartenance au service public de l'emploi », précise le ministère.

LES POLITIQUES SOCIALES

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