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« Les plus pauvres apparaissent aujourd’hui comme les grands perdants de l’action gouvernementale »

Le collectif Alerte, qui rassemble les grandes associations de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, interpelle le Président de la République dans une lettre ouverte en date du 7 novembre sur « la dégradation du niveau de vie des personnes les plus précaires depuis deux ans », et le presse « d’agir résolument pour l’amélioration de leurs conditions de vie. »

Si les associations saluent la mise en place de la complémentaire santé solidaire [depuis le 1er novembre 2019] ou la revalorisation de la prime d’activité annoncée à l’automne 2018, elles pointent du doigt un grand nombre des mesures mises en œuvre, comme la baisse de 5 euros des APL mais également la désindexation des allocations logement et des prestations familiales, qui ont « contribué à une diminution du pouvoir d’achat d’une grande majorité des personnes les plus pauvres ». Le collectif Alerte* s’alarme également de la réforme de l’assurance-chômage, présentée en juillet dernier, qui risque « de faire entrer davantage de personnes dans la pauvreté ».

Une crainte d’autant plus fondée que de récentes études mettent en évidence un accroissement de la pauvreté en France. « Outre l’estimation de l’Insee d’une hausse du taux de pauvreté de l’ordre de 0,6 point pour atteindre 14,7% de la population en 2018 (+0,2 point si on neutralise la baisse des APL dans le parc HLM), l’étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) confirme que les 9% des ménages les plus modestes ont perdu du pouvoir d’achat en 2019 avec les effets cumulés des mesures de 2018 et 2019. Cette étude indique également que les 10% des ménages les plus pauvres auront des gains de pouvoir d’achat quasiment nuls sur l’année 2020, au regard des annonces budgétaires actuelle », rappelle le collectif.

Décrochage des 10% les plus pauvres

« Au total, les plus pauvres apparaissent aujourd’hui comme les grands perdants de l’action gouvernementale. Ce bilan ne cesse de nous interroger quand, en parallèle, le pouvoir d’achat des classes moyennes et des plus aisés augmente sensiblement, du fait notamment des politiques fiscales ou sociales du gouvernement », souligne le collectif. Et de poursuivre : « La pauvreté et les inégalités augmentent ainsi en même temps, minant la cohésion sociale de notre pays. Or il nous semble que le bilan de votre quinquennat ne saurait être entaché par le décrochage des 10% les plus pauvres des Français. Il est donc temps d’agir résolument pour l’amélioration de leurs conditions de vie ».

Le collectif considère que le futur revenu universel d’activité (RUA) - dont le périmètre est encore en cours de réflexion - pourrait être « une réforme bénéfique », à terme, « si, d’une part, la volonté gouvernementale affichée de lutter contre le non recours afin de permettre à « ceux qui n’ont pas ou peu de revenus professionnels d’être adéquatement protégés » et d’ouvrir de nouveaux droits aux jeunes de moins de 25 ans est bien réelle et si, d’autre part, elle s’appuie sur une volonté d’améliorer le pouvoir d’achat des allocataires de minima sociaux ».

 Des réponses immédiates

 « La future prestation doit garantir que personne en France ne vive avec moins de 50% du revenu médian (soit 867euros par mois pour une personne seule, sans les aides au logement). Elle ne doit pas fusionner les APL, l’AAH et l’ASPA qui sont des allocations d’une autre nature. Elle doit être ouverte dès 18 ans, sous conditions de ressources mais sans contrepartie et avec une obligation pour l’Etat de prévoir un accompagnement vers une formation ou un parcours vers l’emploi. Surtout, cette réforme ne saurait être financée pas une forme de solidarité horizontale entre les bénéficiaires des différents minimas sociaux, au risque de faire des perdants parmi les ménages vivant sous le seuil de pauvreté », insistent les associations.

Alors que le futur RUA ne sera effectif qu’à l’horizon 2023, le collectif ALERTE réclame « des réponses immédiates de la part du gouvernement, dans le cadre des lois de finances et de financement de la sécurité sociale pour l’année 2020 : revalorisation du RSA, et réindexation à hauteur de l’inflation des prestations sociales et familiales et des allocations logement ainsi que leur réévaluation ». Le collectif s’inquiète également du sort des jeunes précaires et demande l’élargissement du périmètre de la Garantie Jeunes.

« Il est temps que le gouvernement enclenche ce tournant social tant attendu », conclut le collectif, espérant peser avant l’adoption d’ici fin décembre par le Parlement du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et du projet de loi de Finances PLF) 2020.


*Le collectif Alerte réunit 35 fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion parmi lesquelles ATD Quart Monde, Emmaüs France, la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique, l’Uniopss.

Lien lettre ouverte

 

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