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Le travail social est-il de gauche ?

« Le travail social ne sera jamais de droite. » C’est ce qu’affirmait, poing levé à l’appui, Vince, l’éducateur spécial et influenceur en chef des TS de gauche sur Facebook, lors du vote de la loi « immigration » le 19 décembre dernier. 491 commentaires plus tard, il corrigeait son postulat et écrivait : « Ah, bin si, le travail social sera peut-être de droite, mais sans moi. »

Et sans vous ? Car, si l’on en croit les idées reçues, les travailleurs sociaux ont tous un ADN de gauche. C’est même inscrit jusque dans leur nom : social est bien contenu dans socialisme… Quand on regarde les définitions du travail social, on a l’impression de lire une profession de foi d’un candidat soc-dem. Le travailleur social « cherche à promouvoir le changement social, la résolution des problèmes liés aux relations humaines, la capacité et la libération des personnes afin d’améliorer le bien-être général » : ça, c’est la définition de la Fédération internationale des travailleurs sociaux. Sauf qu’à l’exception du changement social, les autres items, à commencer par la « libération des personnes », pourraient tout à fait être repris par des libéraux ou des conservateurs.

D’accord, il y a des mesures spécifiquement de droite qui vont à l’encontre des principes du travail social. Le conditionnement du RSA contre des heures de travail obligatoires est un bon exemple d’une loi inspirée par la droite ; une droite obsédée par l’initiative individuelle et le mérite, méconnaissant ainsi la spécificité des publics vulnérables.

Mais le travail social a aussi été inspiré par une certaine droite humaniste et chrétienne, celle des dames patronnesses et de scouts qui ont inventé le métier d’éduc spé.

Aujourd’hui, il est frappant de voir des collectivités locales de droite et de gauche pratiquer des politiques d’action sociale comparables. Et c’est parfois sur les terres de droite que les expériences sont les plus novatrices et les plus probantes. Qui a, par exemple, inventé le métier d’« accompagnatrice de jeunes parents » pour aider les très jeunes mères ? Le CCAS du Havre, chez Edouard Philippe. Dans le département du Morbihan, dirigé par la droite, on a mis au point le métier de chargé d’accueil social pour soulager les assistantes sociales de multiples tâches administratives. C’est dans l’Ain, présidé par le républicain Jean Deguerry, qu’on a inauguré une flotte pour fournir des véhicules de fonction aux auxiliaires de vie. Bref, les élus de droite savent aussi pratiquer une politique sociale pour leurs travailleurs sociaux.

Sauf que. C’est ce même département de l’Ain qui a tenté de se délester de la prise en charge des MNA. Une décision retoquée par la justice mais inspirante pour d’autres départements de droite, qui ont tenté de suivre l’exemple du 01.

De leur côté, les 32 départements de gauche se sont unis dès le vote de la loi sur l’immigration pour refuser le durcissement des conditions d’octroi de l’APA.

Et c’est bien là que se situe la véritable nouvelle césure entre la droite et la gauche. Les politiques qui restreignent les droits des MNA ou qui introduisent une préférence nationale de fait à l’égard des étrangers remettent en cause l’accueil inconditionnel.

Introduire le conditionnel dans la prise en charge, c’est abattre un pilier du travail social. Ces dispositions ont certes été censurées (sur la forme) par le Conseil constitutionnel. Mais bien inspirées (sur le fond) par des députés de la droite radicalisée et votées par le centre macroniste.

Alors, oui, le travail social peut être de droite ou de gauche. Mais certainement pas d’extrême droite.

Édito

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