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Les bonnes intentions

Elisabeth Borne a des principes : « C’est par le travail que l’on peut s’en sortir », a-t-elle martelé lors de la présentation du Pacte des solidarités, le 18 septembre dernier. Et ce ne sont pas que des paroles, il y a de bonnes intentions derrière : une prime de reprise d’activité devrait être versée à partir de janvier prochain. Même si l’on n’en connaît pas encore les m­odalités et qu’elle ne concerne que 50 000 personnes, la mesure est intéressante tant il existe de freins au retour à l’emploi (coût du transport, frais de garde d’enfant, de repas, de vêtements…).

Oui, c’est par le travail que l’on peut s’en sortir. La formule est pleine de bon sens, sauf si l’on milite pour le droit à la paresse. Mais elle est aussi déconnectée des réalités pour des centaines de milliers de Français aux parcours désarticulés, aux destins fracassés. Marqués par un implacable déterminisme social, ils sont nombreux à ne pas pouvoir réintégrer le marché de l’emploi… même si on leur sucre le RSA.

Or ces exclus sont paradoxalement les grands oubliés du Pacte des solidarités. En n’augmentant pas les minima sociaux pour rattraper l’inflation (une simple hausse de 1,6 % a eu lieu en avril) ou en escamotant le RSA jeunes à 18 ans, le gouvernement précarise encore plus les derniers de cordée.

La baisse du chômage est, certes, à l’actif de la présidence actuelle. Mais à quoi sert-elle si « la pauvreté ne baisse plus depuis trente ans », comme le souligne Pascal Brice, le président de la FAS. Non, décidément, le travail ne suffit pas pour s’en sortir.

Les bonnes intentions se heurtent aux réalités. Dans le domaine du travail social, c’est presque un principe. Regardez l’expérimentation des VAE aidants. Là encore, le postulat est correct et l’intention est bonne. Face aux 600 000 postes à pourvoir dans l’aide à la dépendance ces huit prochaines années, on a expérimenté un dispositif dans trois régions pour proposer une validation des acquis aux chômeurs et aux proches aidants. 2 000 chômeurs ou salariés ont répondu présents. Mais zéro aidant !

L’enquête à lire sur notre site est édifiante. Le bide s’explique par une com’ ratée et surtout un ciblage maladroit. Quand vous avez été aidant pendant des années, vous n’avez vraiment pas envie d’en faire votre métier…

Toutes les belles idées finissent par s’étioler à l’épreuve du temps. En appliquant depuis une vingtaine d’années la loi de rénovation 2002-2, le secteur social a adopté un nouveau dogme : la culture du projet. Là encore, l’intention est louable puisqu’il s’agit de placer l’usager au centre du dispositif. Mais après deux décennies de projets personnalisés, il faut bien admettre que les dérives sont nombreuses, comme le prouve l’enquête au cœur de ce numéro. Allez donc monter un projet personnalisé avec un SDF en déshérence ou un résident d’Ehpad en fin de vie !

Un Pacte des solidarités décevant, une VAE aidants à côté de la plaque et des projets personnalisés perclus d’effets pervers… Il y a une morale à ces trois histoires. Dans le domaine du travail social, il faut injecter du pragmatisme dans les paradigmes. Sinon, les bonnes intentions servent surtout à paver l’enfer.

Édito

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