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Super-héros

L’été a été chaud, et on ne parle pas de réchauffement climatique. Il a commencé par des émeutes fin juin, il a fini par des fusillades fin août. Au cours des violences urbaines du début de l’été, des centaines d’éducateurs de prévention spécialisée sont allés au contact pour jouer les pompiers pendant l’embrasement. Après les fusillades du quartier Pissevin à Nîmes, quand les flics d’élite et les caméras ont fini par partir, les travailleurs sociaux, eux, sont restés. Permanents du centre social ou de la mission locale, éducs de rue : ils aident encore un quartier tenaillé par la peur à tenir, à verbaliser et à se projeter.

A défaut d’être spectaculaires, les métiers du social et du médico-social sont indispensables pour éviter une dislocation systémique de la société. Les pros de l’exclusion sont toujours en première ligne face aux cassures françaises, même si la médiatisation des drames les relègue souvent en arrière-plan.

Cet été, les médias ont peu parlé de la mort du petit Amine, 3 ans, tombé du troisième étage de son immeuble du centre-ville de Sablé-sur-Sarthe le 1er juillet 2023. Une mort évitable car un juge avait ordonné son placement 48 heures avant le drame. Mais il n’y avait aucune place en foyer… Une histoire tragique dans un contexte terriblement banal. Des centaines de décisions judiciaires de placement ne sont pas exécutées en France. Des centaines d’enfants en danger restent dans leur famille car les Mecs sont saturées, les familles d’accueil trop peu nombreuses, les budgets insuffisants… et les éducs introuvables.

Et cela ne va pas s’arranger. Quelques êtres vous manquent et tout est déréglé. La pénurie de vocations et le turn-over affolant sont devenus les marqueurs d’un secteur essentiel qui peine à séduire et à fidéliser les professionnels : d’ici deux ans, 125 000 candidats manqueront à l’appel.

Certes, le travail social n’est pas la seule filière en tension. Sauf que, dans un univers de « bullshit jobs », les éducateurs spécialisés ou les assistantes sociales sont des super-héros discrets, que l’on n’a jamais applaudis depuis les balcons. D’accord, le job est éprouvant pour un salaire riquiqui et une reconnaissance très relative. Même à 1 400 € par mois, on vous dit que vous coûtez « un pognon de dingue » pour zéro résultat. Puisqu’il y a des émeutes…

Cependant, pour les générations Y et Z qui cherchent à donner du sens à leur vie professionnelle, le travail social est un vrai job utile, gratifiant, émouvant. Et invisible, d’accord. Mais faites parler des pros avec un peu de bouteille : ils ont tous plus d’une histoire à raconter dans laquelle ils ont littéralement changé la vie des autres. Même si ces acteurs ne s’en rendent pas compte, ils exercent quelques-uns des plus beaux métiers du monde.

Tiens, ce serait un argument de com’ à faire valoir pour attirer les jeunes et fidéliser les plus expérimentés. Et la com’ (voir notre dossier de couverture page 44), c’est justement l’un des points faibles du travail social. On ne connaît pas encore les conclusions du livre blanc du Haut Conseil du travail social sur l’attractivité des métiers. Mais on espère que, sur la feuille de route, figure comme objectif de rendre visibles les invisibles.

Édito

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