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Réenchanter

Oups ! Voilà une enquête qui laisse songeur. Réalisée il y a pile un an par la Fédération nationale des étudiants en milieu social (Fnems) et tout juste publiée, elle fait état du ressenti des étudiants de troisième année en travail social. Rien de très folichon ! Reflet de la crise qui sévit dans le secteur, sans doute. « Heureusement qu’on sait pourquoi on est là et pourquoi on veut faire ce métier, parce qu’on est nombreux à avoir l’impression que tout est mis en place pour nous dégoûter et nous faire abandonner… »

Des paroles dures, qui pourraient sortir tout droit de la bouche de travailleurs sociaux en poste. Plus globalement, si la précarité financière touche de nombreux étudiants, elle est particulièrement prégnante chez les futurs diplômés du social, issus majoritairement de milieux modestes. Avec des coûts de formation plus élevés qu’à la fac, ils sont 53,5 % à sauter régulièrement des repas. Une situation délicate pour ces professionnels en herbe qui n’ont généralement pas accès aux services étudiants des universités, même quand un conventionnement est établi avec leur école.

Coup du sort : alors qu’ils se destinent à accompagner les autres, ils se sentent isolés et peu soutenus. Voire pas toujours en confiance avec leurs formateurs, dont ils déplorent le turn-over, les absences… Autre paradoxe : les formations sont insuffisamment accessibles aux personnes en situation de handicap. Un comble !

L’enquête témoigne aussi d’un mal-être important chez certains : « Cette formation m’a usée psychologiquement. » Au point que la Fnems évoque des risques psycho-sociaux identiques à ceux que l’on retrouve dans le monde du travail. On le sait, le secteur manque cruellement d’attractivité : continuer, démissionner, devenir intérimaire, s’installer en libéral…

Les travailleurs sociaux les plus chevronnés sont « remontés », pour reprendre l’expression du sociologue Bertrand Ravon ; d’autres sont tout bonnement désabusés ou « démontés ». Les chats ne faisant pas des chiens, normal que leur malaise infuse dans les écoles. Une chance que beaucoup de gens du métier s’expriment encore haut et fort. Le contraire serait carrément inquiétant.

Reste à transformer la plainte – y compris celle des étudiants – en force et à miser sur les professionnels les plus « remontés » pour transgresser la course au low cost et réenchanter le travail social. Chiche !

Éditorial

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