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Une insertion sociale sur le fil du rasoir

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Dès 2016, la ville de Metz a mis en place une politique visant à travailler sur le long cours avec les populations des bidonvilles. Deux d’entre eux ont été résorbés et l’accompagnement social se poursuit pour certaines familles.

Après plusieurs démantèlements et réinstallations successives, une nouvelle approche visant l’insertion des populations a été mise en œuvre à Metz dès 2016. Et ce, dans un premier temps, pour un bidonville implanté sur un terrain appartenant à la SNCF où vivaient une cinquantaine de personnes, originaires pour la plupart d’une même localité de Roumanie. « Nous avons élaboré un projet avec la Fondation Abbé-Pierre pour travailler à l’insertion sociale et professionnelle des personnes, et aller vers le logement ordinaire », explique Gaëlle Pollien, directrice générale du centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville.

Une mission d’évaluation a été conduite par deux organismes extérieurs : l’association Quatorze pour ce qui concernait l’installation de sanitaires, de douches et de cuisines, et sa consœur Trajectoire pour le diagnostic social. Financée sur trois ans par l’Etat, le CCAS et la Fondation Abbé-Pierre, une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS) dédiée a permis la création d’un poste de travailleur social chargé d’un projet global sur le site et du suivi des personnes. L’association Amitiés Tsiganes, qui travaillait déjà auprès de populations en campement – notamment à Nancy –, a été mobilisée pour l’accompagnement social.

Avec le concours des bailleurs sociaux et de l’Etat, certaines familles ont accédé peu à peu à un logement et, jusqu’à la fin de l’été 2019, les cabanes ont été progressivement détruites. « Toutes les personnes n’ont cependant pas pu intégrer un appartement, faute de ressources suffisantes. Elles ont dû rejoindre d’autres membres de leurs familles, chez qui elles se sont retrouvées en surnombre. Les familles entrées dans le logement social ont aussi pu avoir des difficultés pour s’y maintenir. Certaines avaient du mal à payer les factures, d’autres se sont fait avoir par des fournisseurs d’énergie », détaille Sylvie Bortot, directrice de l’action sociale du CCAS. Pour autant, l’accompagnement social se poursuit à la demande des personnes.

Une même organisation a été appliquée en 2020 pour un second bidonville messin présent sur le site du Petit-Bois, où habitaient 14 ménages, soit 26 personnes. Un travailleur social dédié à l’accompagnement des familles a cette fois été recruté au sein du CCAS, afin que les familles disposent d’un repère sur ce lieu institutionnel. « Elles étaient aussi domiciliées ici, ce qui facilite le suivi », souligne Sylvie Bortot. Après quelques mois, le changement de municipalité est venu bouleverser et accélérer la démarche prévue sur trois ans. « On a changé de perspective en essayant de trouver toutes les possibilités de logement, quel que soit le niveau de projet des personnes : hébergement d’urgence, intermédiation locative (IML), avec le CCAS qui porte le bail et la personne qui est sous-locataire du logement, assure Gaëlle Pollien. L’IML a permis de reloger tout le monde, ce qui n’avait pas été le cas pour les habitants du premier bidonville. » L’ennui étant qu’en prenant le risque locatif, le CCAS a connu parfois des problèmes pour récupérer des loyers. Le démantèlement du bidonville, lui, s’est effectué en douceur, après avoir été été préparé par le CCAS en accord avec la population. « Dès le début, le contrat moral spécifiait que chaque caravane soit enlevée après le départ d’une famille et que le périmètre du bidonville – qui était de petite taille – n’évolue pas davantage », rappelle Gaëlle Pollien.

Bilan de ces deux accompagnements ? La directrice générale du CCAS de Metz note une meilleure coordination avec ses services internes (principalement « jeunesse » et « petite enfance ») et avec ceux de l’Etat. Mais quelle que soit l’approche, elle doit s’adapter à chaque nouvelle situation. « Nous sommes à chaque fois confrontés à des problématiques singulières. Dans l’un des bidonvilles, nous avons dû faire face à des réseaux qui monnayaient l’occupation des caravanes. Cela a constitué une limite pour l’accompagnement social. » Sylvie Borlot se montre plus nuancée : « On note quand même de belles réussites. Nous avons constaté au fil des années l’évolution des familles ainsi que celle des hommes isolés et plus âgés. Nous les accompagnons toujours, mais aujourd’hui ils sont beaucoup plus indépendants. »

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