La jeune vendeuse s’apprête à saisir le gâteau que je viens de lui demander, mais la patronne surgit, et la voilà qui s’empare de la pâtisserie convoitée. « Laisse, je m’en occupe, je le connais. »À chaque fois, elle fait le coup. Dès que j’entre dans cette boulangerie, elle se précipite à ma rencontre et m’assaille de sa voix doucereuse.C’est gênant. Mais elle prend sa mission de service très au sérieux avec moi, je dois lui paraître important, ou spécial, ou dangereux. Ou peut-être les trois.Bon, si ça lui fait plaisir. Moi je veux juste manger mon éclair.« Et avec ceci? Une baguette pas trop cuite, comme d’habitude? »Cette fausse connivence me met mal à l’aise. Je souris.« Oui, comme d’habitude. »« Et voilà pour Monsieur! Une baguette comme il les aime et un éclair au chocolat pour la gourmandise… Ça fera 2,40 €! »Je pose la monnaie sur le comptoir: « Une pièce d’un euro, deux pièces de cinquante centimes et deux de vingt, c’est très bien, le compte y est!Tenez, il vous reste même un peu de monnaie! »Elle ne fait pas ça avec les autres clients. Elle ne recompte pas à voix haute, elle ne les félicite pas quand le compte est juste, elle ne prend pas cette voix benoîte. Elle m’agace.…
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