« Les filles continuaient donc de prendre leur température comme des malades, de calculer les périodes à risques, trois semaines sur quatre. Elles vivaient dans deux temps différents, celui de tout le monde, des exposés à faire, des vacances, et, celui, capricieux, menaçant, toujours susceptible de s’arrêter, le temps mortel de leur sang. » Cette phrase d’Annie Ernaux ouvre le roman d’Isabelle Hanne, Le Choix. Un premier livre engagé sur l’avortement, un droit dangereusement remis en cause aux États-Unis. L’histoire se déroule en 2021, à Dallas, au Texas. Là où après décision de la cour suprême, en juin 2022, il est désormais interdit d’avorter. Depuis 2017, déjà, l’assurance maladie ne remboursait plus cet acte. Le Dr Luke Pavone voit ses patientes – principalement des femmes noires et pauvres – en faire les frais tous les jours dans sa clinique. « Une usine à tuer », comme la nomment les militants pro-life qui manifestent devant le bâtiment chaque vendredi, en allumant des bougies sur le trottoir et en psalmodiant. Parmi ces « zinzins », Mark, 36 ans, son mégaphone et sa bible sur laquelle il inscrit le nombre de bébés – des « cadeaux de Dieu » – qu’il a sauvés. Un jour, il aperçoit…
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