Il fait froid ce lundi-là, et dehors, les surfaces sur lesquelles poser un fessier sans se geler sont rares. Je me pose donc debout contre un mur, quand j’aperçois Abdou, qui fait un détour pour venir dire bonjour.Notre amorce à tous les deux, c’est souvent le football : « T’as vu le match d’hier ? » S’ensuit généralement un échange plus ou moins long sur nos analyses respectives. Mais, ce jour-là, Abdou traîne un silence. Je sens qu’il a quelque chose à lâcher. Je regarde l’heure : 11 heures. Je m’aventure donc à lui demander s’il a cours aujourd’hui. « Je me suis fait virer du lycée… », me livre-t-il, gêné. Je marque ma surprise. Il poursuit : « Non mais, en vrai, Thomas, c’est pour une connerie, en plus ! Je passe en conseil de discipline jeudi. Je me suis déjà fait exclure trois jours le mois dernier. Là, c’est vraiment chaud pour moi ! »Abdou me regarde et semble attendre une relance. Du regard, je l’incite à développer. Il se frotte le nez, les yeux, les joues, et toutes les parties de son visage, comme s’il se donnait du courage, et reprend : « Je suis trop con ! En fait, j’étais avec les autres, on traînait dans les couloirs du lycée, on avait une heure de perm. Et là, il y…
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