Je fais semblant de ne pas voir. La madeleine discrètement glissée dans la poche, le fromage soigneusement emballé fourré dans le sac à main… Je n’ai rien vu, promis juré, je tournais le regard au même moment, occupée à servir un verre d’eau, à réinstaller un résident ou à ramasser une serviette nonchalamment tombée. Mais ma collègue, elle, a tout vu. Elle est prête à fondre sur les coupables, à leur arracher le précieux trésor, à les fustiger en place publique ! Et le risque de diabète ? Le « trop gras, trop sucré, trop salé » et toutes ces choses mauvaises pour la santé ? Je la retiens. Ce ne sont qu’une madeleine et un petit morceau de camembert. C’est juste une petite douceur pour plus tard, quelques lipides et glucides de plus ou de moins…Je fais semblant de ne pas entendre. La porte de la 203 qui s’ouvre doucement, les pas de monsieur Renard, reconnaissables entre mille, qui se veulent discrets dans le couloir, puis la musique un peu forte dans la 205 pour couvrir l’étreinte de deux amants. Dans l’heure qui vient, je ferai tout pour éviter ce couloir, afin de ne pas surprendre Monsieur Renard quand il sortira de la chambre de monsieur Loup. Rien vu rien entendu. Mais mon collègue,…
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