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Des binômes animateur-éducateur

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Le terrain de la prévention spécialisée est l’un des plus propices à la rencontre entre éducation populaire et travail social. Cas d’école à Marseille, où des professionnels issus des deux secteurs œuvrent de concert pour éviter que les jeunes ne glissent dans la délinquance.

Dans les Bouches-du-Rhône, et notamment à Marseille, où la juxtaposition d’une trentaine de quartiers prioritaires et de réalités socio-économiques explosives place la jeunesse en tête des préoccupations, la rencontre entre l’éducation populaire et la prévention spécialisée est une réalité de terrain. Proches philosophiquement, liées historiquement, elles se révèlent complémentaires dans une pratique quotidienne d’accompagnement des 11-18 ans.

A partir de sept centres sociaux (maisons pour tous ou accueils collectifs de mineurs) gérés par Léo-Lagrange Méditerranée, implantés dans la cité phocéenne et à Vitrolles, des binômes associent animateurs de prévention et éducateurs de prévention spécialisée. Les premiers, titulaires d’un brevet professionnel ou d’un diplôme d’Etat supérieur de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BP JEPS ou DES JEPS), sont salariés d’une fédération d’éducation populaire. Les seconds, éducateurs spécialisés en protection de l’enfance, sont des travailleurs sociaux de l’Addap 13 (Association départementale pour le développement des actions de prévention des Bouches-du-Rhône).

« L’entrée est forcément collective pour les deux, parce qu’il est contreproductif de ne faire que du suivi individuel, reconnaît Elisabeth Majan, directrice de Léo-Lagrange Méditerranée et ancienne directrice de centre social. Mais contrairement à l’animateur de prévention, l’éducateur Addap va développer avec le jeune qu’il aura rencontré au collège, dans la rue ou au centre social un parcours d’accompagnement axé sur ses problématiques personnelles et ses besoins. » Selon le principe de la libre adhésion, l’éducateur de rue se place dans une dynamique plus intime que son homologue animateur. Il entre dans le champ de la famille, rencontre les parents et intervient parfois sur des parcours de soins ou d’addictions.

Une animation spécialisée

De son côté, l’animateur de prévention se cantonne à un cadre collectif, avec des actions strictement éducatives. Il encadre des séjours, des sorties ou des activités de loisirs. « Mais il se saisit de l’accompagnement individuel mené par le travailleur social parce qu’il connaît le jeune en question, le voit évoluer au milieu de ses semblables, précise Elisabeth Majan. Il apporte son regard, ses observations. Il sert de relais. » En marge d’un étayage chapeauté par l’aide sociale à l’enfance, les professionnels de la fédération Léo-Lagrange continuent à recevoir les adolescents suivis par l’Addap 13 et à monter des projets concoctés avec eux, selon leurs envies et leur sensibilité. « Mais ce sera toujours en groupe. Nous n’allons pas voir la famille pour lui dire que son fils fume du cannabis toute la journée. C’est le rôle de l’éducateur. »

Le contexte difficile de Marseille – l’ampleur des trafics et des problèmes de délinquance – apporte néanmoins une tonalité particulière à la pratique des centres sociaux. Ici, on est loin de l’occupationnel pur. L’animation est elle aussi spécialisée. « Nous ne sommes plus confrontés à des publics qui viennent simplement pratiquer une activité sportive, à l’image du monde rural, où les jeunes jouent tranquillement au baby-foot, prévient la directrice. Nous sommes obligés d’effectuer nous aussi de la prévention en santé scolaire, de parler de l’usage des stupéfiants et de la rupture des liens parentaux. Certains minots sont encore petits et mignons, mais d’autres sont déjà clairement en déviance totale. »

Outre les échanges journaliers entre binômes, ce partenariat a d’autres applications concrètes : chantiers d’insertion, séjours « Ville vie vacances », autant de dispositifs qui ouvrent des horizons et favorisent le déploiement d’équipes d’encadrement mixtes. « Notre force, c’est le collectif, estime Elisabeth Majan. C’est un vrai facteur d’intégration. Même quand les éducateurs de prévention sont obligés d’intervenir, nous sommes présents en appui, pour réapprendre aux jeunes à vivre ensemble. »

Si les personnels en animation ne sont pas formés pour aller au-devant de certaines situations trop lourdes – resocialiser des adolescents après plusieurs mois de suivi par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), par exemple –, ils sont nombreux à regarder du côté de l’Addap 13 avec envie. « Il y a un véritable attrait de nos animateurs pour la prévention spécialisée. Entre autres, parce que nous avons de très mauvaises conventions collectives. En termes de salaires, de congés et d’ancienneté, il n’y a pas photo, alors que nous œuvrons dans le même secteur. »

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