Recevoir la newsletter

Tours de passe-passe

Les enquêtes de l’Insee n’ont pas pour réputation d’être menées à charge, ni leurs conclusions taxées de partialité. Or voici le constat que dresse en cette fin de novembre le très sérieux Institut national de la statistique et des études économiques : « Les réformes sociofiscales de 2020 et 2021 augmentent le revenu disponible des ménages, en particulier pour la moitié la plus aisée. »

D’après ses observations, cette moitié sort fort bien son épingle du jeu car « particulièrement concernée par les principales réformes pérennes mises en œuvre : la baisse du barème de l’impôt sur le revenu et la suppression progressive de la taxe d’habitation ». Ces mesures représentent « près de 90 % de la hausse totale du revenu disponible des ménages. Elles induisent une augmentation du niveau de vie allant jusqu’à 470 € annuels en moyenne pour les personnes entre les 7e et 8e déciles, contre 90 € pour les 50 % les plus modestes ».

Pour les foyers les plus pauvres, le « bonus » octroyé par la politique du gouvernement s’élève donc à moins de 9 € par mois. Mais ils respirent encore, les bougres ! Il est donc urgent d’aller plus loin. Les allocations chômage avaient été diminuées l’an passé de 17 %, ce n’est pas encore assez ! Il s’agit donc désormais de tailler dans la durée. En un coup de ciseaux, la voilà donc réduite de 25 % à compter du 1er février.

L’intention de l’exécutif se résume à se montrer « plus strict quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreux quand le chômage est élevé » (Le Monde, 21-11). Explication : arrivé en fin de droits – soit au bout de dix-huit mois pour le chômeur qui, jusqu’alors, pouvait prétendre à vingt-quatre –, le sort du fainéant encore dépourvu d’emploi sera considéré au regard de la situation économique. Si le pays observe une mauvaise passe et que la courbe du chômage dessine un pic, il aura droit à du rabe. Mais si l’économie est florissante et les chiffres en baisse, ce sera bien la preuve que le bonhomme a un gros poil dans la main. Dans ce cas, hop, les vivres seront coupés. Et ce, qu’il vivote en Haute Marche (jolie région du nord de la Creuse) ou qu’il patauge dans un riche bassin d’emploi.

La tactique est habile si l’on envisage les perspectives énoncées par notre ministre de l’Intérieur. Lequel envisage, d’ici quelques mois, de conditionner la délivrance de titres de séjour aux personnes migrantes à l’acceptation de postes dans les secteurs professionnels en tension. Nul doute que ce plan fonctionnera : au prix d’une régularisation, celles et ceux fraîchement arrivés sur le territoire accepteront les pires horaires et les plus viles besognes que ces pantouflards de franchouillards auront eu le culot de dédaigner.

Voilà une affaire rondement menée.

Éditorial

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur