Je la reconnais. Elle était encore dans mon bureau il y a quelques mois. Je me souviens de son histoire : un mari dépensier, qui ne vivait que grâce à l’argent qu’il soutirait à sa femme, à sa mère, à tout le monde. Elle, son épouse, n’en pouvait plus justement. Elle travaillait, son salaire alimentait largement le compte joint, mais tout était absorbé par son flambeur de conjoint.Elle n’en pouvait plus des dettes cachées, des mensonges éhontés et des crédits sans cesse renouvelés. Un premier crédit, puis un deuxième, un troisième pour racheter les deux premiers… Alors elle était venue me voir, une pile de courrier à la main, des enveloppes qu’elle n’avait pas osé ouvrir. Des factures, des menaces, des relances…Nous avions parlé longuement. De sa vie, de son mari, de ses enfants… Et puis de son boulot d’infirmière en psychiatrie, les horaires à dormir debout, ou à ne plus dormir, les sous-effectifs, et cette lassitude qui la prenait parfois.Elle me disait : « Ce sont toujours les mêmes qui sont là, vous devez connaître ça, vous aussi. Les mêmes têtes qui reviennent encore et toujours. On a l’impression qu’ils n’y arriveront jamais. Ils viennent, ils vont un peu mieux, ils partent,…
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