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Pourvu qu’elle soit douce

Dans quelle mesure est-il possible d’affirmer exercer un « beau » métier ? Apporter un soutien à des personnes vulnérables ou en difficulté passagère peut paraître noble, mais est-ce beau ? De retour chez eux, les travailleurs sociaux pensent-ils avoir passé une « belle » journée ? C’est d’autant plus tracassant qu’en signature de leurs mails, des expéditeurs de plus en plus nombreux, souvent collègues ou relations professionnelles, nous souhaitent de passer une « belle » journée. Quelle défaite, à l’heure de quitter son bureau, de constater qu’une fois de plus ce qui devait être une « belle » journée s’est révélée être une journée de m…. moche. Une moche journée.

Pire encore, depuis peu, il nous est souhaité de passer une « douce » journée. Et quand le vœu est formulé par certains (ir)responsables RH, autant dire qu’il laisse perplexe. J’en étais à cette réflexion lorsque, de passage chez une amie, je tombe sur un article de Télérama. Extrait : « La romancière et l’essayiste féministe explorent, lors d’une douce conversation, processus et secrets d’écriture. » La discussion eût pu être riche, profonde, que nenni ! Elle fut douce, et c’est ce qui fit sans doute qu’elle fut belle…

Bientôt, la France connaîtra-t-elle aussi le concept de « douce » immigration ? Mieux, de « gentille » immigration ? « Je dirais qu’on doit désormais être méchants avec les méchants et gentils avec les gentils », a benoîtement affirmé notre ministre de l’Intérieur dans un entretien accordé au Monde (2/11). Il cause bien sûr du dernier ramdam en date, celui de l’OQTF (obligation de quitter le territoire français). En exemple de gentils immigrés, Gérald Darmanin cite les chibanis, qui n’embêtent personne et sont obligés de faire la queue à la préfecture pour renouveler leurs titres de séjour. Pour eux, le renouvellement deviendra automatique.

Mais comme nous ne sommes plus à un paradoxe près, le couple Darmanain-Dussopt (ministre du Travail) propose de fabriquer, en quelque sorte, de nouveaux chibanis : bientôt, les immigrés qui accepteront des emplois dans les métiers dits « en tension » verront leurs statuts régularisés plus rapidement. Retour à l’époque des usines Renault.

Dans ce numéro des ASH, nous vous proposons un doux sujet, celui du suicide des enfants ballottés par une vie loin d’être douce. Que leur a-t-on souhaité à eux ? D’avoir la vie qu’ils méritaient ? Et aux travailleurs sociaux qui héritent de ces drames ? De faire preuve d’une douce résilience ? Alors pardon, mais parfois, ces tics de langage, c’est agaçant.

Éditorial

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