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La misère en boîte

Un musée dédié aux sans-abri, pour sensibiliser la population. Il y aurait des objets exposés : sans doute quelques boîtes de conserve, une tente couleur prune de type Quetsche, des godasses trouées, un ouvre-bouteille et quelques tessons, parce que ces gens-là se soûlent et parfois même s’affrontent entre eux avec leurs restes de beuveries. Peut-être une carte de CMU encadrée, ou un visa périmé, quelques photos qu’il a gardé d’une femme qui l’a quitté, ou d’autres qu’elle conserve de ses enfants que les services sociaux lui ont retirés. Peut-être faudrait-il envisager de vrais SDF qui poseraient, pour faire plus vrai ? En tout cas, très chouette cette idée. Une sortie culturelle qui promet. Enfin de l’inattendu pour les plus fantasques, un truc qui dérange pour les plus bobos. Ça va faire un carton.

Ce n’est pas en France que ce lieu hautement culturel verra le jour – enfin, pas pour l’instant – mais le projet a tout de même mûri dans l’arrière-chambre de l’esprit d’un cerveau voisin, situé à quelques kilomètres de tunnel, à Londres.

Des financements ont été mobilisés pour matérialiser l’idée. Bien entendu, les quelques millions qu’il coûte ne seraient d’aucune utilité aux services sociaux qui accompagnent la pauvreté et cherchent des solutions avec les moyens du bord.

Heureusement, l’essentiel reste la motivation du notable qui a concrétisé ce projet : le musée donnera à voir « des expositions, des conférences et des ateliers développés par et pour des sans-abri, précise Matt Turtle, dont la femme a connu la rue dans sa jeunesse. Il abritera également […] des œuvres d’art créées par les artistes Jacob V Joyce, Liv Wynter et Surfing Sofas [très connus dans la sphère des SDF, ndlr]. Des permanences d’information juridique sur le droit au logement seront régulièrement organisées, tout comme des distributions de produits de première nécessité. » Le notable anglais ajoute que « les musées devraient être accessibles à la communauté des sans-abri ». Pour qu’ils aient un toit pour passer l’hiver au chaud ou pour inciter les visiteurs aux modes de camping insolites ?

Du moment que la bonne conscience est satisfaite, il serait déplacé de chipoter.

Éditorial

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