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CPF : un gros retard à l’allumage

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Le gouvernement promeut auprès des salariés le recours au compte personnel de formation afin de les inciter à acquérir de nouvelles compétences. Un dispositif dont le secteur social et médico-social s’est très peu emparé jusqu’à présent, alors qu’il date de 2018.

Acheter en quelques clics la formation de son choix en ligne, telle est la promesse du compte personnel de formation (CPF). Crédité chaque année de 500 € par an et par salarié, le CPF voit son recours décoller : 2,1 millions de dossiers de formation ont été validés en 2021, contre 984 000 en 2020, selon la Caisse des dépôts, qui gère le dispositif. Simplifié en 2018, le CPF, qui succède au DIF (droit individuel à la formation), vise à donner aux salariés le pouvoir de se former de manière autonome sans l’intermédiaire de l’employeur, dans le cas où la formation est suivie hors temps de travail.

Pour l’instant, le secteur social et médico-social est passé à côté de cette opportunité. La Caisse des dépôts recense environ 25 000 formations estampillées « travail social » ayant été engagées depuis 2020. Avec une répartition extrêmement inégale, dans laquelle seule une poignée de titres ou diplômes surnage : le CAP petite enfance (17 000 dossiers), le titre professionnel de conseiller en insertion professionnelle (2 100 dossiers) et le certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale (1 900 dossiers). Les formations professionnalisantes, telles que « l’accompagnement individuel et collectif par l’approche systémique » ou les certifications spécialisées dans l’autisme, comptent quelques dizaines de demandes seulement.

Un outil jugé très complexe

Comment expliquer ces chiffres ? Se former en vue d’acquérir un diplôme impose de s’absenter du poste de travail, et donc d’obtenir l’autorisation de son employeur. Dans le cadre du CPF, le temps de formation n’est pas rémunéré. En étant plafonné à 5 000 € par personne, le CPF limite par ailleurs l’accès aux cursus diplômants du secteur social et médico-social dont les coûts sont supérieurs. Le transfert des droits acquis dans le cadre du DIF vers le CPF, qui a occasionné de nombreuses fraudes, n’a pas aidé à l’appropriation de cet outil, que certains jugent particulièrement complexe. « Il y a vraiment beaucoup d’offres et pas assez de filtres », remarque Koudiev Sidibé, responsable de la formation à l’Unafo.

Qui plus est, la piste de l’abondement par les employeurs n’a pas été utilisée de manière massive dans le secteur. « Le CPF est une ressource insuffisamment exploitée par les employeurs », ajoute Sylvain Jouve, directeur du cabinet RH &Organisation. Un paradoxe, alors que ce compte représente « une façon de répondre à des budgets qu’on n’a pas », reconnaît Gérard Restouex, directeur général de l’Adapei de la Corrèze. « Le CPF est un dispositif pour lequel nous n’avons pas beaucoup de visibilité venant de nos adhérents », confirme Valentin Dubourguier, conseiller RH emploi-formation chez Nexem.

Le découpage en blocs de compétences

La question de l’offre disponible se pose aussi. L’accessibilité des formations via le CPF impose de décomposer les diplômes en blocs de compétence pour en réduire le prix. Ce chantier imposé par la loi « avenir professionnel » progresse à très petits pas. « La révision des diplômes pour souscrire à cette obligation de découpage en blocs s’est avérée complexe, s’effectue lentement et de manière souvent incomplète, en raison notamment de l’insuffisance des collaborations entre les différents ministères certificateurs et leurs commissions professionnelles consultatives (CPC) », constatait le Cese dans son rapport sur les métiers de la cohésion sociale adopté en juillet 2022. « L’Etat ne communique pas sur ce sujet », ajoute Olivier Cany, président de la commission spécialisée « diplômes d’Etat » de l’Unaforis (Union nationale des acteurs de la formation et de recherche en interventions sociales). Il constate aussi que cette logique de compétences « détricote la pensée des écoles, dont ce n’est pas le premier réflexe ».

Point de fluidité non plus du côté des formations professionnalisantes… Leur achat par le biais du CPF impose qu’elles soient inscrites au « répertoire spécifique ». Depuis 2018, les conditions d’accès à ce sésame se sont considérablement durcies et 80 % des dossiers sont retoqués par France Compétences, du fait de directives difficiles à suivre, de longs délais de traitement, d’une durée de validité courte des certifications qui impose des démarches de renouvellement… Pascale Weiss, directrice administrative de l’Unaforis, rapporte les difficultés associées à ce genre de démarche : « Cela représente un travail colossal, qui n’est pas forcément accessible à tous les centres de formation », remarque la responsable, également directrice d’Erasme. Son centre de formation a déjà inscrit deux certifications, consacrées à la médiation canine et au développement du pouvoir d’agir.

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