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Une rentrée plus brûlante que l’été

Traverser une rue et passer à côté de Monsieur Toutlemonde, arborant blanc catogan, ouvrant une poubelle pour visiter son contenu reste un moment qui serre le cœur de toute personne raisonnable. Mais aborder une autre artère parisienne dans la foulée et croiser de nouveau une femme, plutôt « bien mise », sans doute trentenaire, contrainte de se livrer à la même activité devient bouleversant. Voire angoissant.

Ce cheminement était parisien mais nul doute qu’il aurait pu avoir lieu à Lille, Rennes ou Toulouse. Seule la campagne semble pour l’heure épargnée par ces tristes scènes de la vie quotidienne. De passage à Uzerche, en Corrèze, la même promeneuse n’a croisé aucun spéléologue de containers. Point non plus à Escalquens, petite ville plantée aux portes du Lauragais, encore moins à Coursegoules, minuscule village niché dans l’arrière-pays niçois.

Les travailleurs sociaux, qui subissent déjà un sous-effectif croissant, risquent de voir au fil des mois à venir un plus grand nombre de personnes, un public bien moins « connu de leurs services », frapper à leur porte, fragilisé par la nouvelle crise qui s’annonce. De « nouveaux pauvres », en somme. Une crise après l’autre. La catastrophe sanitaire du Covid a placé dans une situation critique et non moins irréversible nombre d’indépendants et de chercheurs d’emploi. Désormais, les 249 km de tunnel qui séparent la France du Royaume-Uni se réduiront-ils, au fil des mois, et à l’approche de l’hiver, à quelques centaines de mètres ?

Car si le contexte politique outre-Manche laisse pressentir un retour à l’époque Thatcher, l’année parlementaire qui s’annonce ici ne permet pas d’entrevoir un plus brillant avenir social. Fin juillet, très tard dans la nuit, Bruno Le Maire avait imposé une seconde délibération à propos d’un amendement visant à augmenter le montant des retraites, alors que le scrutin était scellé par le vote des députés. Dans la même veine, 230 millions d’euros avaient finalement été alloués par l’Assemblée aux foyers qui ne peuvent se chauffer autrement qu’au fioul, mais contre l’avis du gouvernement. Ces pauvres sales et méchants qui ne vivent pas dans les nouveaux écoquartiers bobo ont évité de peu la guillotine de la gentrification urbaine. Mais c’est peut-être bientôt Dickens et Zola qu’il faudra relire pour mieux comprendre notre époque. Joyeuse rentrée.

Éditorial

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