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Les mondes de la crèche

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A la suite du décès d’une petite fille survenu dans une crèche privée de Lyon fin juin, la poursuite pour meurtre d’une auxiliaire puéricultrice secoue le secteur de la petite enfance. L’essor récent du système des microcrèches témoigne de l’évolution rapide de ce domaine d’activité essentiel.

Alors que la garde d’enfants est traditionnellement du ressort des nourrices, dont l’existence est attestée depuis l’Antiquité, la garde collective commence à se développer en France au XIXe siècle, dans le contexte de l’industrialisation et du développement du salariat. C’est à Paris qu’un élu municipal, Firmin Marbeau, décide en 1844 d’ouvrir une crèche dans le quartier de Chaillot. Il constate en effet la difficulté pour les blanchisseuses à faire garder leurs jeunes enfants sans se séparer d’eux ou sans perdre leur travail, entre le moment de leur naissance et leur deuxième anniversaire (moment où ces enfants peuvent rejoindre les « salles d’asile » créées par Jean-Denis Cochin une vingtaine d’années plus tôt).

Ces initiatives sont liées à la volonté de réduire la mortalité infantile, l’infanticide et l’abandon des enfants. Avec l’invention de Marbeau, les tout-petits sont désormais gardés par des « berceuses », ancêtres des puéricultrices. Plus tard dans le siècle, les progrès de l’antisepsie favorisent l’usage du biberon, considéré jusque-là comme mortifère, ce qui facilite la garde d’enfant en collectivité. Suivant l’exemple parisien, plusieurs crèches sont ouvertes dans d’autres villes de France, puis en Belgique, en Italie et même à Constantinople.

Le milieu du XXe siècle est marqué par la professionnalisation des acteurs de la petite enfance, qui s’opère avec la création d’un diplôme d’auxiliaire de puériculture en 1947. Cependant, il faut attendre 1985 pour que les différentes formations soient unifiées à l’échelle nationale, tandis que les fonctions de la puéricultrice sont plus précisément définies. Les associations professionnelles, qui voient le jour dans les années 1960 et 1970, jouent un rôle dans la normalisation des pratiques et la reconnaissance du métier, à une époque où le modèle de la crèche est profondément remis en cause. On lui reproche de ne pas offrir un cadre affectif suffisant pour les enfants et de ne pas assez les stimuler du point de vue de l’éveil.

En suivant les travaux novateurs de la psychologie du développement, le monde des crèches connaît alors une mue, dans le sillage de la réflexion des années 1968. Des crèches « parentales » naissent de la volonté de parents tandis que les crèches « familiales », tenues par des assistantes maternelles, sont organisées par une loi de 1977. Depuis une trentaine d’années, les diverses formes de crèches connaissent un certain succès, le secteur privé se trouvant porté par la saturation du public. Face à cet engouement, seuls une régulation et des moyens supplémentaires pour permettre aux PMI de contrôler régulièrement les structures permettront d’améliorer la sécurité des enfants et celle des professionnels.

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