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Bidonvilles : aux marges de la ville et de la vie

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Dans son rapport du 9 mai dernier, le collectif Romeurope pointe les échecs de la politique de résorption des bidonvilles définie en 2018, et réclame une loi pour « sortir de l’impuissance ». Plus de 25 000 personnes vivraient actuellement dans ce type d’habitat en France métropolitaine, dont une proportion croissante de non-Européens. Revenir sur leur histoire permet de saisir leurs liens avec les migrations et la colonisation.

S’il existe tout un ensemble de mots apparus dans l’entre-deux-guerres pour caractériser un même espace dans différentes langues, le terme « bidonville » a tout d’abord été forgé dans le contexte colonial : ce toponyme casablancais apparaît dans les années 1920 et devient générique au cours de la décennie suivante au Maroc et en Algérie, avant d’être importé dans les années 1950 en métropole par des fonctionnaires coloniaux. Il désigne le développement d’habitations précaires en périphérie des villes, sur des terrains non viabilisés et sans permis de construire. Si l’existence de taudis et d’habitats précaires en ville est une réalité ancienne, liée à l’industrialisation du XIXe siècle, l’entre-deux-guerres se caractérise par un phénomène inédit. Alors que la croissance urbaine s’accompagne d’une modernisation des logements, l’écart se creuse entre les nouvelles normes de confort et les modes de vie dans les bidonvilles. En France métropolitaine, ces quartiers sont alors peuplés de populations immigrées. Dans les années 1930 notamment, de nombreux Espagnols employés dans l’industrie en banlieue parisienne résident dans des quartiers qui annoncent les bidonvilles, comme la « Petite Espagne » de la Plaine-Saint-Denis.

C’est après la Seconde Guerre mondiale, cependant, que le terme de « bidonville » est véritablement usité, pour désigner les quartiers où, à côté des Espagnols et des Portugais, vivent de plus en plus de populations d’origine nord-africaine. Dans ce contexte, les préfets se mettent à recenser les populations en opérant un comptage des baraques, afin d’enrayer leur développement mais aussi dans une logique de gestion des flux de populations. En particulier au moment de la guerre d’Algérie, où le contrôle des populations coloniales devient une priorité pour lutter contre l’emprise du Front de libération nationale. La politique de relogement menée par la Société nationale de construction pour les travailleurs algériens et leur famille (Sonacotra) s’inscrit dans ce cadre. Alors que 13 bidonvilles regroupent 50 000 étrangers autour de Paris, la loi Vivien du 10 juillet 1970 vise enfin à les résorber, avec des méthodes parfois brutales. Cinquante ans plus tard, une nouvelle loi semble nécessaire pour permettre l’accès à un logement décent pour des populations en grande précarité, afin d’échapper à l’invisibilité et au mépris.

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