Septembre 2015. C’est un petit garçon comme les autres. Un papa, une maman, un grand frère. C’est un petit garçon qui fuit la guerre. Je ne connais ni son nom ni ceux de son frère et de ses parents. Je ne connais même pas son existence. Je suis ici, il est là-bas.De là-bas, justement, me parviennent les rumeurs d’une révolution, d’un conflit armé, d’une guerre civile… Les mots changent mais les morts sont les mêmes : des civils, hommes, femmes et enfants. Je suis ici, ils sont là-bas. Loin.Et puis il y a cette photo, la photo de ce petit garçon sur cette plage. Allongé sur le ventre, les bras le long du corps, en short bleu et tee-shirt rouge. Il gît, immobile. Noyé. Sur cette plage que d’autres ont foulée avant lui, il est mort.Cet enfant que je ne connaissais pas a soudain un nom et un visage, il existe aux yeux de tous, il est là, devant nous, devant moi, ici. Il s’appelle Alan(1) et il a 3 ans pour toujours. Il n’y a plus d’ici et de là-bas, il n’y a que ce « là », ce présent, cette plage, et ces corps allongés. Il n’y a plus que l’insupportable image de cet enfant mort. Il a l’âge de mon fils, rieur et insouciant comme peuvent l’être les petits garçons de 3 ans. Comme ils devraient…
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